Malgré plusieurs années de croissance soutenue, le taux de chômage reste élevé en Algérie comparativement à d'autres économies émergentes. Si la croissance des dix dernières années s'est accompagnée d'une baisse sensible du taux de chômage global, le chômage des jeunes s'avère plus difficile à résorber et va probablement demeurer important à moyen terme compte tenu des tendances démographiques et de la hausse attendue de la population active jeune. C'est du moins ce qui ressort de l'étude sur “le taux de chômage et les questions du marché du travail en Algérie” réalisée par Davide Furceri et publiée par le FMI. L'auteur précise que le document “ne devrait pas être cité comme représentant les vues du FMI. Les opinions exprimées dans le document de travail sont celles de l'auteur et ne sont pas nécessairement celles du FMI ou de la politique du FMI”. Il ressort de l'analyse que la rigidité du marché du travail explique en grande partie la réactivité limitée de l'emploi et du chômage à la croissance du PIB en Algérie. Les résultats concernant le rapport entre le marché du travail et le chômage montrent en particulier qu'une amélioration du fonctionnement du premier pourrait faire sensiblement baisser le second à court et à moyen terme. Le document relève que le taux de chômage global a beaucoup diminué depuis une dizaine d'années, passant de 30% en 2000 à seulement 10% en 2010. Les facteurs démographiques, note l'étude, ont joué un rôle important dans cette dynamique. Depuis trois décennies, l'Algérie connaît une transition démographique rapide vers une faible fécondité. En baisse constante, le taux de fécondité est passé de 5,8% en 1985 à 2,4% en 2007. De ce fait, le rythme de croissance de la population a fléchi dans le même temps de 3,1% à 1,5%. Depuis dix ans, le taux d'activité connaît également un recul régulier, générant moins de nouvelles entrées sur le marché du travail et contribuant à la forte baisse du chômage. La demande supplémentaire d'emplois, représentée par l'augmentation de la population active, est tombée d'une moyenne de 4,2% de 1991 à 2000 à 2% de 2001 à 2010. En revanche, la création d'emplois s'est accrue entre ces deux périodes de 2,9% à 4,7% en moyenne, réduisant le chômage. Malgré la nette amélioration de la situation générale de l'emploi au cours des dix dernières années, le chômage n'a pas diminué au même rythme dans toutes les catégories de la population, et en particulier parmi les jeunes. Ainsi, le rapport entre chômage des jeunes et chômage total a augmenté progressivement pendant la période récente. “Outre le chômage des jeunes, qui s'établit actuellement à 21,5%, on observe surtout un taux de chômage élevé chez les femmes et les diplômés de l'enseignement supérieur, respectivement 19 et 20%”, lit-on dans le document, estimant que les imperfections du marché du travail contribuent grandement à celui des jeunes diplômés. Le marché du travail est relativement rigide en Algérie, ce qui tend à favoriser les personnes déjà en place par rapport aux nouveaux venus. Ensuite, l'importance du chômage des jeunes diplômés résulte aussi d'un double déséquilibre entre la demande et l'offre de main-d'œuvre : d'une part, l'économie n'a pu créer assez d'emplois hautement qualifiés ; d'autre part, il semble que les étudiants algériens donnent la préférence à certaines disciplines (telles que les sciences humaines et sociales, le droit et l'enseignement) qui génèrent une pénurie des compétences dont le secteur privé a le plus besoin. Ces imperfections du marché du travail expliquent aussi dans une large mesure la très longue durée des périodes de chômage en Algérie : près de 50% des chômeurs cherchent un emploi depuis plus de deux ans. M R