Le taux de chômage en Algérie est incroyablement élevé par rapport aux pays en transition et ceux de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA). Dans un rapport publié jeudi dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a tenté de diagnostiquer le « cas algérien ». Ces dernières années, le chômage en Algérie était de 7 points de pourcentage plus haut que la moyenne de MENA. « Pourquoi le chômage est-il si haut en Algérie ? » est le thème de l'étude menée par Kangni Kpodar, responsable du département Afrique au sein de l'administration du FMI. M. Kpodar émet des doutes sur l'efficience des différents mécanismes de création d'emploi (Ansej, contrat préemploi, les emplois salariés d'initiative locale…) mis en place par le gouvernement algérien. « Preuve que les programmes d'emploi public aidé pour abaisser le chômage ne sont pas clairs. Plus d'information est nécessaire », peut-on lire sur l'étude du FMI, déplorant, au passage, que la plupart des postes d'emploi créés sont temporaires. L'on précise que ces programmes ont créé 1,4 million d'emplois entre 1997 et 2001 mais la majorité étaient des postes provisoires. Le FMI estime que l'informel alimente de façon soutenue le marché du travail algérien. Sans le travail irrégulier, souligne le rapport, le taux de chômage aurait été d'environ 22% en 2004 et 21% en 2005 (alors que le taux officiel était de 15,3%). Pourquoi donc l'Algérie réalise-t-elle des résultats médiocres en comparaison avec les autres pays ? La question est d'abord d'ordre démographique. Le paramètre démographie L'étude du FMI explique que la population en âge de travailler augmente chaque année de près de 3,4%. La pression sur le marché du travail est le fait des jeunes qui représentent 50% de la population active ainsi que les femmes dont la part de la main-d'oeuvre a augmenté de près 50% et leur taux de participation s'est accru de 70%. Néanmoins, même si la baisse de l'emploi dans le secteur public marque un recul depuis les années 1980 (en 2005, 18% seulement du total de la main-d'œuvre y étaient localisés contre 23% cinq années plus tôt), la dépense publique demeure le moteur principal de la création d'emplois. Le fait que la productivité soit en baisse suggère également, selon le rapport du FMI, le différentiel avec les autres pays. Les chômeurs algériens sont généralement jeunes. Les moins de trente ans représentent, selon les experts du FMI, plus de 70% des personnes à la recherche d'un emploi. Là, affirme-t-on, notre pays est dans la norme. « Le chômage dans les pays en voie de développement tombe généralement d'une façon disproportionnée sur les jeunes », souligne M. Kpodar. En revanche, l'Algérie est l'un des rares pays où le taux de chômage des femmes est proche de celui des hommes. Dans la plupart des pays de MENA, le chômage féminin est bien plus élevé. Ceci est lié, selon le FMI, au fait que le secteur public algérien emploie principalement des femmes (il employait en 2003 près de 56% de femmes et 37% d'emplois masculins). La probabilité d'être chômeur augmente avec le niveau d'instruction. En 2005, les universitaires étaient les plus touchés par le chômage (24% de femmes et 12,5% d'hommes) suivis par les chômeurs ayant un niveau secondaire (20,5% de femmes et 16% d'hommes) et ceux ayant un niveau primaire (11,5% de femmes et 5,5% d'hommes). Dans ses recommandations, le FMI estime que l'amélioration de la productivité à travers l'encouragement de l'investissement assortie d'une augmentation « modérée » des salaires stimulerait la croissance de l'emploi en Algérie.