Taj'ra (qui signifie terre basse) est un lieu où les montagnes de Chélia et d'Ich'moul se rencontrent et constituent une composition harmonieuse faite d'habitations typiques du vieux village, de verdure, des forêts et de prairies et du grand oued Labiod (Ighzer Amellal), qui arrose ses terres verdoyantes. Les petites maisons groupées ou éparpillées témoignent de la vie. Les yeux du visiteur n'arrivent pas à contenir tous ces panoramas de toute beauté! Le visiteur s'émerveille devant ces paysages idylliques, cette vallée humide, cette plaine, ces versants abrupts ou en pente douce, devant ces cèdres peu éloignés qui coiffent les sommets des montagnes. Au fond de la vallée, le hameau de Taj'ra semblait tel un insecte qui s'amuse dans un immense champ. Tout en-bas l'oued Labiod, qui serpente, tout calme pour ne pas déranger la nature, arrose les terres et les vergers riverains. De partout un paysage vallonné couvert de forêts luxuriantes. Quelques kilomètres parcourus de la mine de barytine d'Ich'moul, un chemin récemment construit se présente à notre gauche, du côté du nord-est de Chélia. Le chemin récemment construit par un entrepreneur bénévolement descend en pente et se durcit. Les trois ou quatre kilomètres qui suivent piquent du nez à 10% et parfois à 15 % avec des pentes rectilignes. D'abord une mosquée, un mausolée et un cimetière apparaissent, puis derrière un petit groupe d'habitations regroupées ou isolées se montrent et s'offrent à notre accueil. “La mosquée est réputée”, nous apprend notre guide Guerfi Omar. La mosquée porte le nom du village Taj'ra. Elle a été construite, en 1874 à l'époque de cheikh Si Ali Ou-Bechka, le saint homme, enterré dans le mausolée, à la toiture en tuiles arrondies, qui se trouve en face de la mosquée, à droite de l'entrée du cimetière. “La plupart des occupants des tombes ont vécu ailleurs, à Batna, à Alger, en France. Décédés, ils ont été rapatriés et enterrés, près de leurs ancêtres, selon leurs souhaits”, nous apprend notre guide. Notre interlocuteur nous apprend que cette mosquée renfermait autrefois une zaouïa affiliée à la confrérie Rahmania. Dans le passé, avant la révolution de Libération, en plus du rôle religieux, la mosquée a joué des rôles extrêmement variés. Elle était djamaâ (forum), et aussi masjid (temple), un lieu de réunion pour les tribus pour se réunir et discuter. La mosquée a fortement contribué à la naissance du sentiment religieux, national et à l'éveil politique. Considéré comme un des fiefs de la révolution, le village a été abandonné et la plupart des maisons furent incendiées et détruites par l'armée française en représailles pendant la guerre de Libération nationale. Après l'indépendance, quelques familles y sont revenues. Par une prise en charge volontariste d'une confrérie religieuse musulmane, la mosquée a été rebâtie par M. Bechka M'hand. Le village de Taj'ra est en train d'assister au retour de ses anciens villageois, qui avaient quitté la région en masse, il y a quelques années. B B