Parvenir, comme préconisé dans le pacte de croissance, proposé par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et l'Union des opérateurs de la pharmacie (Unop), à couvrir localement 70% des besoins nationaux en médicaments est possible. Pour l'Unop, qui a organisé, hier à l'hôtel Sofitel d'Alger, une rencontre sur cette question, “c'est un objectif réalisable”, pour peu que l'environnement du producteur soit assaini en profondeur, les conditions de base, à savoir le marché, les ressources humaines et les capacités de production étant déjà réunies. Il s'agit, souligne le président du FCE, M. Réda Hamiani, “de faire en sorte que l'environnement économique favorise l'investissement dans la production et rende l'acte d'investir plus profitable que l'acte d'importer”. Hamiani constate que la situation actuelle est décourageante pour toutes les entreprises. Elle est encore d'avantage pour l'industrie pharmaceutique. Résultat : les importations algériennes de médicaments croissent d'une manière exponentielle, passant de 400 millions de dollars en 2000 à plus de 1,8 milliard de dollars actuellement. Alors que notre pays dispose d'une capacité de production suffisante pour réduire considérablement la facture d'importation. Le secteur du médicament, comme l'a relevé le président de l'Unop, Nabil Mellah, a connu “de grands investissementsde qualité. Dans lesquels des transferts de technologie ont été accomplis”. Dans son exposé sur la situation et les caractéristiques du marché algérien, M. Tiouririne Mohamed Hassen de l'Unop indique que les capacités installées sont de l'ordre de 56 unités opérationnelles. M. Tiouririne a noté un ralentissement des investissements entre 2005 et 2008 lorsqu'on a décidé l'ouverture totale du marché, une décision qualifiée de coup de tonnerre. Heureusement, en 2008 les pouvoirs publics ont rectifié le tir, en interdisant l'importation des médicaments fabriqués localement. Selon les services de Douanes les importations des produits pharmaceutiques ont atteint 1,850 milliard de dollars, soit environ 64% du marché. La production nationale est évaluée, selon le ministère de la Santé, à 1,050 milliard de dollars, soit 36% du marché. En d'autres termes, le marché algérien pèse, actuellement, environ 2,9 milliards de dollars. 84% de la production nationale est réalisée par le secteur privé. Selon M. Tiouririne, le marché ville, c'est- à-dire les médicaments vendus dans les officines, est représenté à hauteur de 65% en valeur de princeps et 35% de génériques. M. Tiouririne affirme que l'Algérie est un des rares marchés au monde qui connaît une croissance à deux chiffres. Les dépenses par habitant et par an en Algérie ne sont que de 79 dollars. L'étude réalisée par l'Unop, et qui a duré six mois, révèle que le secteur local de la production de médicaments est en mesure d'atteindre 67% du marché en 2015. “Nous pouvons fabriquer 85% du marché ville, concernant la forme pharmaceutique sèche, 95% concernant la forme liquide, la quasi-totalité pour la forme suppo, c'est le cas aussi pour les pommades et crèmes”, souligne-t-il. Sur ces quatre formes pharmaceutiques, non seulement les besoins à l'horizon 2015 peuvent être satisfaits, mais des excédents pourraient être dégagés à l'exportation. Le maillon faible de la production locale reste la forme pharmaceutique injectable. “Nous pouvons capter en 2015, 97% du marché ville”, a affirmé M. Aït Saïd, en évoquant les gisements à exploiter : oncologie, les hormones, l'ophtalmologie… Quel environnement à mettre en place pour doubler la production nationale de médicaments ? Mouloud Hédir, conseiller au FCE, évoque, entre autres, la nécessité de mettre en place une administration efficace au service du producteur. Des progrès doivent être faits, en matière de système des enregistrements de nouvelles molécules, sur les conditions de remboursement des médicaments fabriqués localement. Il plaide pour la simplification du système des autorisations préalables d'importations de produits chimiques et réactifs, ainsi que pour l'assouplissement du système actuel de fixation des prix. M Hédir insiste sur l'urgence d'une législation nationale qui est d'encadrer, sur des bases pérennes, le développement pharmaceutique national. M R