La compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur, Coface, semble avoir changé de projection concernant les élections législatives prévues le 10 mai 2012 en Algérie. Début janvier, la Coface prédisait une victoire du FLN. “Le FLN devrait conserver la majorité à l'issue des élections législatives de mai 2012”, avait indiqué l'organisme français d'assurance-crédit. Dans son dernier rapport sur l'appréciation du risque Algérie, publié sur son site, la Coface prédit “un rééquilibrage des forces politiques au profit de partis islamistes qualifiés de modérés”. L'organisme français d'assurance-crédit indique que pour “désamorcer la contestation politique et sociale, dans le contexte des soulèvements en 2011 dans d'autres pays arabes, le pouvoir a pris des mesures destinées à améliorer la représentation politique et le rôle des médias, à lutter contre le chômage des jeunes et à augmenter le nombre de logements sociaux”. La Coface estime que “les élections législatives de mai 2012 pourraient néanmoins conduire à un rééquilibrage des forces politiques au profit de partis islamistes qualifiés de modérés”. Cependant, indique l'organisme français, “il est peu probable que ce scrutin, qui devrait être marqué par un niveau élevé d'abstention, se traduise par un bouleversement politique majeur, étant donné les larges prérogatives du Président”. Pour la Coface, “la véritable échéance sera l'élection présidentielle d'avril 2014, lors de laquelle Abdelaziz Bouteflika ne devrait pas tenter de briguer un quatrième mandat, à la fois en raison de son âge, de son état de santé et de la nécessité d'une nouvelle modification de la Constitution”. Sur le plan économique, l'organisme français d'assurance-crédit relève que la production de pétrole n'a enregistré qu'une augmentation marginale en 2011, tandis que celle de gaz naturel a pâti d'un ralentissement des investissements et de problèmes techniques. Hors hydrocarbures, l'activité a progressé à un rythme plus soutenu grâce à une bonne récolte agricole et aux secteurs tirés par les investissements publics. “Néanmoins, ces secteurs représentent une part relativement limitée du produit intérieur brut (PIB) et contribuent donc modérément à la croissance, qui, globalement, a ralenti”, note le rapport. En 2012, prévoit la Coface, la croissance est susceptible de rebondir légèrement en raison d'une modeste augmentation de la production pétrolière et gazière et de dépenses publiques élevées, principalement du fait de la poursuite du vaste programme d'investissements publics (construction de logements, de routes et de voies ferrées). Par ailleurs, l'augmentation des salaires du secteur public ainsi que le subventionnement des produits de première nécessité permettront de soutenir la consommation privée. Quant aux investissements privés, la Coface avertit que “leur progression risque d'être bridée par une insuffisance de financement notamment”. Faible endettement public et solide position financière extérieure “Le déficit budgétaire s'est accru modérément en 2011, en dépit de la hausse des revenus pétroliers, et il devrait se creuser en 2012, en raison de la hausse des salaires dans l'administration, de l'extension des mesures socioéconomiques adoptées en 2011 et de la poursuite de la modernisation des infrastructures”, indique l'organisme français. Toutefois, affirme-t-il, “les revenus des hydrocarbures mis en réserve dans le Fonds de régulation des recettes permettent de financer ce déficit, d'autant que le pays bénéficie d'un faible endettement public”. Grâce aux exportations d'hydrocarbures et à des cours devant rester élevés, les balances commerciale et courante seront encore excédentaires en 2012, prévoit la Coface. Ces exportations, affirme la Coface, seront soutenues par la mise en service, en 2011, du gazoduc Medgaz entre l'Algérie et l'Espagne, ainsi que d'unités de gaz naturel liquéfié en 2012. “L'Algérie est, toutefois, tributaire de l'Europe pour son commerce extérieur et les perspectives moroses dans cette zone pourraient freiner les ventes algériennes”, lit-on dans le document. Les importations continueront à être limitées par les mesures prises par les autorités depuis 2009, en dépit d'importants achats de blé, dont l'Algérie est l'un des plus gros importateurs au monde. La Coface relève, également, que d'imposantes réserves de changes (près de trois ans d'importations) renforcent une situation financière extérieure déjà solide. De plus, la politique active de désendettement extérieur, via le remboursement anticipé de la dette rééchelonnée et l'interdiction pour les entreprises d'emprunter à l'étranger, a ramené le ratio dette/PIB à un niveau très faible (3%). La compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur rappelle que “les restrictions” visant les importations et les investissements étrangers, ayant pour but de protéger les intérêts économiques du pays et de promouvoir les industries nationales, ont été édictées par la loi de finances complémentaire de 2009 et globalement reconduites en 2010 et 2011, en dépit de quelques assouplissements en matière de paiement des importations par le crédit documentaire. “Ces mesures semblent peu propices à une amélioration sensible du climat des affaires et au développement du secteur privé, de même que la faiblesse de l'intermédiation bancaire”, estime la Coface. M R