Le rapport de l'organisme français relève l'importance des investissements publics et prédit une victoire du FLN pour les prochaines législatives. La Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur (Coface) a présenté, hier, à Paris son panorama mondial du “risque pays”. Pour l'Algérie, elle a maintenu la notation globale à A4. En d'autres termes, les perspectives économiques et financières peuvent être marquées par quelques fragilités. Le contexte politique peut connaître des tensions. L'environnement des affaires peut présenter des lacunes significatives. La probabilité moyenne de défaut des entreprises se situe à un niveau convenable. L'évaluation risque pays Coface mesure le niveau moyen de risque d'impayés présenté par les entreprises d'un pays dans le cadre de leurs transactions commerciales. Elle ne concerne pas la dette souveraine. La Coface a maintenu également la note B pour “l'environnement des affaires” qui avait été mise sous surveillance depuis juillet 2010. Dans son appréciation du risque, la Coface relève que “la production de pétrole n'a enregistré qu'une augmentation marginale en 2011, tandis que celle de gaz naturel a pâti d'un ralentissement des investissements et de problèmes techniques”. Hors hydrocarbures, l'activité a progressé à un rythme plus soutenu grâce à une bonne récolte agricole et aux secteurs tirés par les investissements publics. “Néanmoins, ces secteurs représentent une part relativement limitée du PIB et contribuent donc modérément à la croissance, qui, globalement, a ralenti”, souligne la Coface, qui prévoit un rebondissement de la croissance, en 2012, “en raison d'une possible augmentation de la production pétrolière et gazière et de dépenses publiques élevées, principalement du fait de la poursuite du vaste programme d'investissements publics”. Par ailleurs, l'augmentation des salaires du secteur public ainsi que le subventionnement des produits de première nécessité permettront de soutenir la consommation privée. Par contre, estime la Coface, la progression des investissements privés “risque d'être bridée par une insuffisance de financement notamment”. L'organisme français d'assurance-crédit, qui prévoit un taux de croissance de 3,6% en 2012, contre 3% en 2011, souligne la solide situation financière de l'Algérie. “D'imposantes réserves de changes (près de trois ans d'importations) renforcent une situation financière extérieure déjà solide”, relève la Coface. De plus, la politique active de désendettement extérieur, via le remboursement anticipé de la dette rééchelonnée et l'interdiction pour les entreprises d'emprunter à l'étranger, a ramené le ratio dette/PIB à un niveau très faible (3%). Le déficit budgétaire s'est tassé en 2011, grâce à la hausse des revenus pétroliers, “mais il pourrait se creuser en 2012, en raison de la poursuite de la modernisation des infrastructures et de la hausse des salaires dans l'administration”. Pour la Coface, rien d'inquiétant cependant, “les revenus des hydrocarbures mis en réserve dans le Fonds de régulation des recettes permettent de financer ce déficit, d'autant que le pays bénéficie d'un faible endettement public”. En outre, grâce aux exportations d'hydrocarbures et à des cours devant rester élevés, les balances commerciale et courante seront encore excédentaires en 2012. Ces exportations seront soutenues par la mise en service, en 2011, du gazoduc Medgaz entre l'Algérie et l'Espagne, ainsi que d'unités de gaz naturel liquéfié en 2012. “L'Algérie est, toutefois, tributaire de l'Europe pour son commerce extérieur et les perspectives moroses dans cette zone pourraient freiner les ventes algériennes”, prévoit la Coface. Par ailleurs, des restrictions visant les importations et les investissements étrangers — ayant pour but de protéger les intérêts économiques du pays et de promouvoir les industries nationales — ont été édictées par la loi de finances complémentaire de 2009 et globalement confirmées en 2010 et 2011, en dépit de quelques assouplissements en matière de paiement des importations par crédit documentaire. “Ces mesures semblent peu propices à une amélioration sensible du climat des affaires et au développement du secteur privé, de même que la faiblesse de l'intermédiation bancaire”, affirme l'organisme français. Sur le plan politique, la Coface évoque la stabilité politique qui “prévaut depuis la réélection du président Bouteflika en 2009, pour un troisième mandat courant jusqu'en avril 2014”. L'organisme français d'assurance-crédit estime que “le FLN devrait conserver la majorité à l'issue des élections législatives de mai 2012”. “Afin d'essayer de désamorcer la contestation politique et sociale, dans le contexte des soulèvements en 2011 dans d'autres pays arabes, le pouvoir a pris des mesures destinées à améliorer la représentation politique et le rôle des médias, à lutter contre le chômage des jeunes et à augmenter le nombre des logements sociaux”, poursuit le document. La situation sécuritaire s'est améliorée, constate la Coface, mais “des actions sporadiques du groupe islamiste radical Al-Qaïda au Maghreb islamique demeurent possibles, même si leur effet déstabilisateur sur l'activité économique est limité”. M.R.