Après un débat amer au sein du Conseil de sécurité de l'ONU et de fortes pressions exercées par la France pour éviter toute forme de progrès dans la résolution du conflit au Sahara occidental, les Etats membres de cet organisme international “non-démocratique” a adopté une nouvelle résolution complètement vide de sens ou de raison. La résolution 2044 du Conseil de sécurité, adoptée le 24 avril 2012, est une réplique exacte de la précédente (SC/res/1979), adoptée l'année dernière, avec la seule différence que la nouvelle mentionne quelques événements ayant eu lieu cette année. La “nouvelle” résolution, comme la précédente, a superficiellement touché la question des graves violations des droits de l'homme au Sahara occidental, qui restent une source de préoccupation majeure de toutes les organisations internationales des droits de l'homme, d'ONG, de parlements, d'organisations régionales et de pays. Pis encore, les membres du Conseil de sécurité n'ont rien trouvé de mieux que de copier et coller le même paragraphe utilisé dans la résolution 1979 de l'an dernier, sans y changer une virgule, ce qui signifie que l'ONU a opté pour le maintien du statu quo et qu'elle donne au Maroc une nouvelle occasion de poursuivre ce qu'il fait déjà : violer les droits civils, politiques, sociaux et économiques du peuple sahraoui, avec la bénédiction et la protection de la France “des droits de l'homme, de la liberté et de la démocratie!” L'Afrique du Sud, au nom des pays de l'Union africaine, a dénoncé à juste titre l'attitude du Conseil de sécurité, critiquant la politique du deux poids, deux mesures, adoptée par l'ONU, au Sahara occidental, où cette dernière est sourde, muette et entend seulement ce que la France dit. Pour l'ambassadeur sud-africain, Baso Sangqu, “il est anormal que la Minurso reste l'une des rares missions de paix onusiennes à ne pas avoir un mandat de monitoring des droits de l'homme.” Il a ajouté que “cette double norme donne l'impression que le Conseil de sécurité n'accorde pas de priorité aux droits de l'homme du peuple du Sahara occidental.” Il a en outre considéré que “l'approche sélective concernant les droits de l'homme par ce Conseil met en doute les motivations de ceux qui tendent à regarder de l'autre côté quand les violations des droits de l'homme sont commises au Sahara occidental.” Ce qui met en cause la crédibilité du Conseil et la crédibilité de l'ONU en général. L'attitude de l'ONU révèle une volonté claire de donner au Maroc une opportunité supplémentaire pour contrôler la situation au Sahara occidental et, pourquoi pas, imposer ses plans expansionnistes dans la dernière colonie en Afrique, en violation totale du droit international et du droit du peuple sahraoui à la liberté et à l'indépendance. Et ce, malgré toutes les pressions, les appels internationaux et les campagnes lancées cette année par Amnesty International, Human Rights Watch, France Libertés et de nombreuses autres organisations des droits de l'homme, partis politiques, et même le Haut-commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme. Il semble donc que le Conseil de sécurité n'est pas disposé à résoudre le dernier cas de décolonisation en Afrique à cause de l'influence française. Mais la question est de savoir si l'ONU, par cette attitude, veut pousser le peuple sahraoui et son représentant politique, le Polisario, à reprendre les armes. Apparemment, c'est la seule option que la soi-disant “communauté internationale” laisse aux Sahraouis! M. L. (*) Secrétaire général de l'Union des journalistes et écrivains sahraouis