L'Observatoire de la société civile pour la surveillance des élections, monté tout récemment, a livré, hier, son premier bilan sur la campagne électorale des législatives qu'il qualifie de “froide”. Ce constat négatif, reconnu par les plus profanes, n'empêche pas, toutefois, le même observatoire de prédire un taux de participation généreux pour le scrutin du 10 mai prochain. Selon Nordine Benbraham, coordinateur dudit observatoire, plus connu sous sa casquette de commandeur des Scouts, le taux de participation à cette échéance sera de “38% au niveau national (et de 19% à Alger) !”, soit un peu plus élevé que le taux enregistré lors des législatives de 2007 (36%, selon les chiffres officiels). La question s'impose : comment se fait-il que cet observatoire inexpérimenté, soit arrivé à faire une telle prévision au moment où tout le monde, y compris des candidats en lice, appréhende un fort taux d'abstention ? Sur quelles bases ? À moins que ce soit une manœuvre pour préparer, au préalable, l'opinion publique nationale et la communauté internationale sur le taux que le gouvernement souhaiterait rendre public le 11 mai. Le coordinateur de l'Observatoire de la société civile ne livre néanmoins aucune analyse scientifique digne de celle d'un institut de sondages. Lors de sa rencontre restreinte avec des représentants de la presse, M. Benbraham s'est contenté de se référer à quelques rencontres avec des observateurs onusiens et européens, ou encore à des informations collectées par les onze ONG, dont l'association Adwaa Rights pour la démocratie et les droits de l'Homme (Arddh), la Ladh de Boudjemâa Ghechir, la Laddh (aile Hocine Zehouane), l'Association nationale pour l'emploi et les droits des chômeurs, l'association Raja pour la solidarité et le développement, l'Association des femmes en communication et le réseau algérien pour la défense des droits des enfants (Nada), regroupées dans l'observatoire. Cet observatoire, indique-t-il, est doté d'une charte d'éthique, alors qu'“un comité de pilotage”, composé des représentants des 11 ONG, a été mis en place pour “l'observation (et non pas la surveillance)” des élections. Dans son analyse des deux premières semaines de la campagne électorale qu'il qualifie de “froide”, M. Benbraham justifiera le peu d'engouement des citoyens par notamment “le pouvoir d'achat de plus en plus laminé” et “l'embrasement du front social”. D'où sa conclusion que “si 50% des électeurs sont désormais structurés pour aller vers l'abstention, c'est par ce qu'ils sont plus braqués sur les affaires sociales que sur la chose politique”. Selon lui, ni l'appel au boycott et ni l'appel à la mobilisation n'auront d'impact sur l'électorat. M. Benbraham se veut ainsi convaincant que l'observatoire qu'il représente se base, dans sa mission d'observation des élections, sur “des standards internationaux de surveillance” et se réfère à “l'expérience des pays arabes”. Le président de l'Arddh, qui reconnaît “le désintérêt” affiché par la population en cette veille des législatives, entend faire de (son) observatoire “un espace d'expression citoyenne et de défense des droits de l'Homme, loin des partis politiques”. Pour justifier “l'indépendance, la neutralité et la transparence” de cet organisme nouveau, M. Benbraham a mis en avant “les différents courants, (nationaliste, démocratique et islamiste) et autres obédiences politiques” auxquels appartiennent les représentants des ONG formant l'observatoire. F A