Lobbies L'enquête que nous avons menée sur le financement de la campagne électorale révèle un profond hiatus : de grands partis qui ont les moyens de déployer la grosse artillerie et de petits partis qui peinent à assurer le Smig des dépenses électorales. Conclusion : on enregistre un système de financement des élections législatives injuste. En clair, le dispositif institutionnel en la matière s'avère plus que favorable aux partis au pouvoir. Sous cet aspect, les dés sont déjà pipés. Par ailleurs, l'affairisme qui pollue depuis des années la gouvernance du pays a ouvert une nouvelle brèche. Des hommes d'affaires, tête de liste dans les wilayas, la loi de la chkara pour entrer en force au Parlement : telles sont les tendances des législatives 2012. Un phénomène déjà apparu lors des législatives 2007 et lors des élections locales. Et qui semble plus affirmé lors des élections de mai prochain. L'argent, en somme, est le cheval de Troie dans cet assaut du Parlement pour une partie des candidats. Comme pour les importateurs, il convient de séparer le bon grain de l'ivraie. D'aucuns parmi les entrepreneurs adoptent une position de neutralité, d'autres s'impliquent, croyant faire le bon choix ; d'autres encore misent sur l'argent, y compris illégalement, pour constituer des lobbies au Parlement. Encore une fois, l'opacité dans le financement de la campagne de partis au pouvoir et de maints partis d'opposition y est consacrée. Autant d'argent dépensé pour des programmes dans maints cas peu consistants, étrangers aux principales préoccupations de la population : le pouvoir d'achat, l'emploi, le logement et des candidats dans une bonne portion inaptes à assumer une bonne représentation de leurs électeurs. Les citoyens ne sont pas dupes. La désaffection à l'égard des élections législatives témoigne du fossé entre le pouvoir et la population. Le premier a affiché son peu d'empathie pour la majorité des ménages confrontés à une flambée des prix des produits de large consommation sans précédent. à tel point que le taux de participation risque de transformer les législatives 2012 en vote sanction. Qui sème le vent récolte la tempête. Nos gouvernants ont tout tenté pour que n'émerge pas une élite politique crédible au nom du maintien du système rentier en place. Espérons que la société civile, dans son pan même congru de véritables patriotes, réagira face à cette parodie d'élections législatives. K. R. [email protected]