La ferme agricole, sise à Tazeboudjt, sur la côte est de Béjaïa, a été de nouveau la cible de saccage et d'incendie. Bilan : le centre équestre avec ses box ainsi que la maison du propriétaire ont été incendiés et les murs détruits à coups de pioche. La même ferme avait été, pour rappel, l'objet le 14 avril dernier d'une opération similaire par manifestement les mêmes assaillants, qui avaient détruit une partie de la ferme. Selon le fils du propriétaire, joint au téléphone hier, son frère, qui se trouvait sur place, “a été sauvé in extremis”. Il sera évacué ainsi que d'autres membres de la famille “pour laisser place aux agresseurs, qui sont revenus à la charge en plein jour, soit aux environs de 9h15”. Alertés, les services de sécurité “ne sont pas intervenus”, a regretté le même interlocuteur : “Ils attendent sans doute qu'il y ait mort d'homme pour le faire. S'ils les avaient interpellés le samedi 14 avril dernier, ils ne seraient pas revenus à la charge cette semaine d'autant qu'ils avaient menacé de revenir samedi dernier, soit le 21 avril.” Pour permettre aux lecteurs de se faire une idée sur cette affaire, qui oppose les deux douars Aït-Amar Ouali et Aït-Temmesyet, un rappel des faits s'impose. D'abord, l'enjeu ? Un terrain de plusieurs hectares d'où on a une vue imprenable sur le golfe de Béjaïa de Tazeboudjt à Saket en passant par Boulimat. Si le problème a surgi depuis la fin de l'année 2009, le contentieux est vieux de plus d'un siècle. En 1857, les habitants des deux douars se sont affrontés. Bilan : sept morts. Les autorités coloniales étaient intervenues et avaient obligé les sages des deux parties à se mettre autour d'une table. Un accord a été trouvé. Un rocher géant a été choisi comme limite territoriale entre les deux parties : Ablat Akendjouh ou Ablat lfatiha sur lequel a été conclu l'accord, suivi d'une prière. Depuis, les habitants des deux douars ont vécu en harmonie sans le moindre accroc. Il y a eu des mariages. Ils ont lutté ensemble durant la guerre de Libération nationale etc. Même lorsqu'ils ont commencé à ériger des cabanons, chacun avait son territoire. Mais depuis à peu près 2009, muni d'un sénatus-consulte, les représentants de cinq villages des 29 que compte le douar Aït-Amar Ouali ont décidé qu'ils étaient les propriétaires exclusifs de ce territoire. La réaction des habitants d'Aït-Temmesyet ne s'est pas fait attendre. Sur le sénatul-consulte, il est indiqué en caractère gras qu'“en aucun cas, ce document ne pouvait être considéré comme un acte de propriété.” Les habitants d'Aït-Temessyet avaient présenté des actes quasiment de la même valeur. Ils avaient pris la peine d'enregistrer leurs terrains lors du premier recensement, initié par les nouvelles autorités au lendemain de l'Indépendance, soit en 1972. Et dans leur démarche, ils avaient interpellé les autorités locales pour qu'elles interviennent et évitent qu'il y ait effusion de sang. L'exploitant agricole fait partie du douar Aït-Temessyet, a-t-on souligné. Malheureusement, plusieurs agressions avaient eu lieu, lesquelles avaient été suivies de dépôts de plainte, elles demeurent sans suite, a-t-on regretté. Pis encore, leurs voitures avaient été saccagées. Interrogés sur le sujet, les membres de l'association socioculturelle Tazeboudjt ont estimé, de leur côté, qu'ils avaient eu aussi leurs blessés, façon de dire qu'ils n'avaient fait que riposter. Seule l'enquête pourrait déterminer les circonstances exactes. Et comme le conflit perdure sans que les autorités daignent intervenir, les autres habitants d'Aït-Amar Ouali - dont les villages avaient été exclus du partage - sont montés au créneau pour réclamer leur part du territoire. Ils avaient observé le lundi 23 février un sit-in devant la wilaya pour exiger des autorités le gel de tout partage ou vente de terrains sis à Tazeboudjt. M. O.