Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne donne aucun crédit au taux de participation de 42,6% aux législatives annoncé, hier, par le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia qui aurait fait l'objet d'“un gonflement”. “Le taux de participation ne reflète pas la réalité. On s'y attendait. Nous savions que le pouvoir aller tout faire pour annoncer un taux de participation plus important que celui de 2007”, dénonce Mohcine Belabbas, lors d'une conférence de presse animée hier au siège national du parti à Alger. “Pour occulter un rejet populaire sans précèdent et une profonde désaffection des citoyens, le régime politique algérien s'enferme, encore une fois, dans des opérations de maquillage de l'un des plus cuisants échecs politiques de ces cinquante dernières années”. Pour lui, le taux de participation est largement en deçà de celui annoncé par le ministère de l'Intérieur. “Le taux de participation, tel que noté par les commissions communales, pourtant soigneusement filtrées par l'administration, n'a pas dépassé les 18%”, estime M. Belabbas. “Exécutés plus grossièrement que par le passé, parce que l'administration est en plein délitement, les bourrages des urnes, les bus de faux électeurs, le dopage du taux de participation qui s'emballe en fin de journée, c'est-à-dire au moment où il n'y a plus grand monde dans les centres de vote, les dépouillements à la sauvette ont été reproduits avec une confusion aussi pathétique que ridicule”, assène-t-il. Avec cette élection qualifiée “d'insulte”, le pouvoir “a signé son échec”, analyse M. Belabbas, qui trouve le taux de 57% de boycott de “très élevé”. Pour lui, les élections vont “consacrer le statu quo” et, avant même l'annonce par le ministre de l'Intérieur des résultats, M. Belabbas a prédit une victoire du FLN et une majorité pour les partis du pouvoir. “Ceux qui ont spéculé sur la victoire des islamistes en auront pour leur frais”, souligne-t-il. Que se passera-t-il maintenant que le cap des législatives est passé ? “À partir d'aujourd'hui, les Algériens vont recommencer à parler de leurs problèmes. Les manifestations vont se démultiplier”, dit-il. Marqué par “une fraude aussi massive, le prochain Parlement ne sera, aux yeux du président du RCD, rien d'autre qu'une chambre d'enregistrement”. “On y parlera de tout sauf des problèmes des Algériens”, prédit-il. Pour lui, les législatives ont le mérite de “démystifier les bazaris du sacrifice des démocrates et de clarifier les enjeux”. Son parti s'emploiera, indique-t-il, à construire “des passerelles” et “une convergence” avec les forces patriotiques qui “sont majoritaires dans la société”. “Nous devons les rassembler pour créer un rapport de force en faveur du changement”, explique-t-il. M. Belabbas donne l'air de compter beaucoup sur la jeunesse pour imposer ce changement tant souhaité. “La jeunesse algérienne a pris son essor. Dans les partis, les associations, les universités ou la rue, elle a amplifié et accéléré son émancipation durant cette campagne. C'est cette dynamique que le RCD a anticipée et c'est dans ce seul registre qu'il investit son expérience et ses énergies”, explique-t-il, avant de conclure : “L'insulte du 10 mai peut et doit précipiter la rupture qui conditionne la renaissance algérienne qui passe par le changement en dehors et contre le système”. A C