Ces élections consacrent le statu quo», a déclaré le président du RCD, Mohcine Belabbas, en réaction à la victoire annoncée des partis au pouvoir lors des législatives de jeudi dernier. S'exprimant lors d'une conférence de presse animée hier, à quelques heures de l'annonce officielle des résultats du scrutin législatif, il met l'accent sur «le gonflage grossier» du taux de participation. «Le taux de participation, tel que noté par les commissions communales, pourtant soigneusement filtrées par l'administration, n'a pas dépassé les 18%», affirme-t-il. Ce taux, précise-t-il, donné à 4% à 10h, a évolué d'une manière douteuse en faisant des bonds inimaginables. «Cela trahit l'inanité de ce spectaculaire écart et la décision des officines d'imposer sa fraude insensée dans une cité algérienne qui a connu une vacuité digne d'une grève générale. Exécutés plus grossièrement que par le passé, parce que l'administration est en plein délitement, les bourrages des urnes, les bus de faux électeurs, le dopage du taux de participation qui s'emballe en fin de journée, c'est-à-dire au moment où il n'y a plus grand monde dans les centres de vote, les dépouillements à la sauvette ont été reproduits avec une confusion aussi pathétique que ridicule», souligne encore Mohcine Belabbas. Pour lui, l'élection de jeudi dernier est «la plus vulgaire que les Algériens avaient eu à subir jusque-là». Et de poursuivre : «Dans le fond, le scrutin législatif de ce 10 mai est, à l'instar de tous les rituels électoraux qui ont eu lieu depuis 1962, un funeste message politique de plus.» Dans la foulée, le premier responsable du RCD précise que le pouvoir vient de prouver son incapacité à aller vers une sortie de crise : «En ce 10 mai, le pouvoir vient d'apporter une fois de plus la démonstration qu'il n'a ni la crédibilité, ni la légitimité, ni même la capacité pour s'orienter vers une sortie de crise qui appelle nécessairement et par définition à son dépassement.» Mais le pouvoir ne devrait pas crier victoire comme vient de le faire le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia. «Nous savions que le taux de participation allait être gonflé. Mais le chiffre de l'abstention donné officiellement, qui est de 57,1%, est énorme vu les moyens déployés par le pouvoir et le nombre impressionnant de listes de candidatures à cette élection», estime-t-il. Mohcine Belabbas n'a pas non plus ménagé les observateurs de l'Union européenne (UE) qui ont, selon lui, abandonné leurs standards dans la surveillance des élections : «Une providentielle présence de l'Union européenne, qui a passé outre ses standards pour se faire tolérer dans un pays fermé, n'a pas permis de sauver une campagne marquée, comme jamais auparavant, par le défi et la contestation de la jeunesse algérienne.» En faisant son analyse de l'élection, Mohcine Belabbas réitère l'engagement de son parti «à œuvrer pour la construction d'une alternative démocratique avec les partis politiques d'opposition qui ne s'inscrivent pas dans la logique du pouvoir». Ayant appelé au boycott des législatives, le RCD a suivi l'opération électorale selon «une méthodologie étudiée». Le parti avait dépêché des représentants dans 25 wilayas. Ces deniers communiquaient, toutes les 2 heures, les résultats de la participation à la commission de coordination installée au siège national du parti.