La Casbah de Béjaïa, la “citadelle gouvernementale” – comme qualifiée par des historiens et des archéologues – est une fortification loin d'être banale, qui présente la particularité d'avoir eu différents artisans et occupants. Elle a été édifiée par les Almohades au milieu du XIIe siècle (vers 1154). En 1510, après la prise de la ville par Pedro Navaro, les Espagnols ont entrepris d'y renforcer les fortifications et d'y construire le grand château, entre autres, ajouts architecturaux – ceux qui sont visibles – requis par leur stratégie de défense : murailles renforcées, meurtrières, tours de vigie, etc. “L'arrière de la Casbah, côté terre, au-dessous de laquelle les falaises rocheuses sont les plus hautes et les plus abruptes, sa fortification naturelle, couronné de figuiers de barbarie, d'oliviers sauvages et de chênes verts, portant encore les murs interrompus par des meurtrières de l'ancienne bâtisse”, écrit Louis Salvador de Habsbourg, archiduc d'Autriche dans son ouvrage Bougie, la perle de l'Afrique du Nord (éditions L'Harmattan). Un style d'architecture qui caractérise tout particulièrement la muraille frontale en biais, ou encore une équerre en position verticale et dont l'hypoténuse serait cette grande muraille. On retrouve d'ailleurs ce même modèle ainsi que les mêmes matériaux à Bordj Moussa, également fort espagnol datant de la première moitié du XVIe siècle, érigé sur les vestiges d'un palais hammadite (l'étoile). Ce fort qu'occuperont les Turcs dès 1555 – date à laquelle le gouverneur espagnol Don Alphonso de Peralta a capitulé après le siège réussi de Salah Raïs – sera, dès 1833, occupé par l'armée coloniale qui y apportera également des ajouts et quelques modifications, et ce, jusqu'en 1962. Il s'y trouverait, selon les assertions de personnes très âgées, des passages souterrains, peut-être trois ou quatre, devant sans doute permettre à l'armada espagnole vivant dans l'enceinte de la Casbah d'entreprendre des incursions à l'intérieur de la cité en créant forcément l'effet de surprise puisque n'ayant pas été vue sortir de l'édifice, ou de fuir en cas de danger. Que d'hypothèses quant aux diverses utilités de ces passages longs de plusieurs centaines de mètres. Ces passages relieraient la Casbah au fort Moussa (sur les hauteurs de la ville, forteresse également espagnole et contemporaine de cette même Casbah), à une grotte existant jusqu'à aujourd'hui à l'intérieur d'un établissement hôtelier fermé, propriété de la famille Kharoubi (rue Larbi-Ben-M'hidi, ex-rue Trézel haute). C'est précisément feu Si El-Hadi Kharoubi, le propriétaire de l'établissement, qui, souvent, expliquait aux clients que l'endroit était le point de départ ou d'arrivée d'un long passage souterrain, sans doute comportant deux directions différentes : l'un menant à la Casbah et l'autre probablement à Bordj Moussa (également dénommé R'djel Sebaâ). La ville serait ainsi traversée par “un réseau de passages secrets reliant différents points stratégiques mais convergeants tous vers la Casbah”. Si passages il y a, il ne serait pas non plus impossible qu'ils furent d'abord “réhabilités” et réutilisés par les Espagnols également pour s'approvisionner en eau et en nourriture en période d'attaques par mer. Une chose est sûre : des bouches de passages, véritables entrées de couloirs creusées à même de vieux et épais murs d'enceinte, des soi-disant puits “éteints” et autres brèches très anciennes dont l'âge remonte à plus de cent trente années existent bel et bien. Sans compter ce qui n'a pas encore été découvert ! Mais il ne s'est jamais plus manifesté un quelconque intérêt à l'archéologie depuis des lustres à Béjaïa, depuis notamment la disparition du fameux club de spéléologie des années 1960/1970.