Les assises des états généraux des démocrates, tenues ce week-end à Alger, à l'issue desquelles un appel a été lancé pour la construction d'un pôle démocratique, assorti d'une charte en perspective de la prochaine échéance électorale, n'ont visiblement pas encore suscité de réactions particulières dans certaines wilayas du pays. Il faut dire que ce n'est qu'hier seulement que l'initiative a été rendue publique. Mais c'est sans l'ombre d'un doute, l'absence de couverture par le média lourd qu'est l'ENTV qui n'a pas permis à certains citoyens de prendre connaissance de l'événement. Du reste, pour les citoyens “dans le coup”, comme on dit, le scepticisme semble se le disputer à l'optimisme. À Oran, pour ne citer que cette grande métropole de l'Ouest, certains citoyens restent prudents, à l'image de ce comédien qui trouve que “tous les principes retenus dans la charte sont très beaux et procèdent d'une bonne intention”. Mais il ne manque pas, dans le même temps, de s'interroger : “Comment l'Etat devra faire sur le terrain pour encourager la production artistique quand on sait que tout est centralisé en haut ?”. Un universitaire caresse même l'espoir, enfin, à ses yeux, d'un candidat unique, en dépit des divergences qui ont miné le camp démocratique jusque-là. “Il faut reconnaître, affirme-t-il, que cette charte n'occulte aucun des maux qui rongent le pays, mais le plus important à mes yeux est qu'un candidat du camp démocratique casse cette bipolarité entre Benflis et Bouteflika.” “Et pourquoi pas un démocrate à la tête de l'Etat ?” soutient-il. “Il est temps, ajoute-t-il encore, pour nous autres démocrates, de cesser d'être des spectateurs et de nous secouer pour descendre dans l'arène.” À Constantine, une ville conservatrice par excellence, côté Faculté centrale, rares étaient les étudiants qui avaient entendu parler de l'initiative de ce week-end. La majorité d'entre eux ne voit d'ailleurs le salut du pays qu'à travers le prisme de la solta (régime). En revanche, parmi les militants des droits de l'Homme, connus pour leur engagement en faveur des idéaux républicains, nombreux sont ceux qui attendent encore “des signaux forts”, comme l'a suggéré l'un d'entre eux. C'est ainsi qu'à leurs yeux, la défection du MDS et du CCDR d'une part et la bipolarité Benflis-Bouteflika, d'autre part, sont perçues comme une entrave, volontaire ou non, à l'émergence d'une troisième voie crédible, incarnée par les démocrates républicains. Hayet, ancienne militante de Rachda, reste malgré tout optimiste. “Les républicains n'ont rien à perdre, eux qui ont l'habitude de voir leur crédibilité exploitée dans les moments difficiles par le régime pour finir par être trahis”, explique-t-elle. C'est dire donc qu'au regard de ces premières réactions à chaud, un travail de proximité s'avère plus qu'impératif pour les démocrates. K. K.