Le talon d'Achille reste la distribution Le secteur de la construction connaît un essor sans précédent à la faveur de la mise en œuvre du second plan quinquennal de relance. Jamais il n'y a eu autant de chantiers, autant de logements réalisés ou en voie d'achèvement. Cet essor de la branche est soutenu par un effort financier colossal de l'Etat. Le Salon international du bâtiment et des travaux publics a reflété cette tendance à travers une participation très importante d'entreprises locales et étrangères. En raison de ce contexte très favorable, l'exposition a connu un franc succès. Indice : l'industrie des matériaux de construction représentée fortement par une panoplie d'entreprises locales, aussi bien publiques que privées, est en pleine expansion. Tel est le constat. L'écoconstruction, l'autre thématique principale de la manifestation, semble encouragée. Mais les ambitions des pouvoirs publics dans ce domaine restent très modestes. Ce qu'il convient de pointer du doigt surtout ici reste la question de l'efficacité de la dépense publique. Autant d'argent dépensé pour des résultats en deçà des attentes en termes d'allègement de la crise du logement. Il suffit de se pencher sur la demande à l'AADL ou dans les communes de la capitale pour se rendre compte que des centaines et des centaines de milliers d'Algériens vivent depuis plus d'une décennie au moins ce problème très difficile d'accès au logement. Bref, on assiste toujours à une répartition injuste des logements en dépit d'une disponibilité plus importante : plus de 200 000 logements sont réalisés annuellement. Dans cette équation inégale s'invitent le népotisme, la corruption et l'absence de transparence. Sans que les pouvoirs publics mettent le holà à ces phénomènes qui sont à la source de la grogne sociale et de la généralisation des émeutes à travers le territoire national. Tout se passe comme si l'Etat algérien était au service d'une minorité de puissants et non pas du bien-être de la majorité de la population. En résumé, ces centaines de milliers de citoyens ne savent pas toujours si leur problème sera réglé en 2012, 2013 ou 2014. De quoi être déçu de l'indifférence avec laquelle les pouvoirs publics traitent ce dossier sensible de l'accès à un toit décent. Dans cette problématique, la question de l'offre reste toujours posée. La réforme du secteur de la construction demeure à quai. Quant on sait qu'une meilleure organisation des chantiers, une amélioration des systèmes constructifs, une meilleure qualification de la main-d'œuvre et des bureaux d'études pourraient augmenter de façon conséquente l'offre de logements, on mesure l'importance des changements à introduire dans la manière de construire les logements en Algérie. Par ailleurs, alors que l'industrie des matériaux de construction va connaître un important développement au cours des trois prochaines années, peu d'encouragements sont accordés par l'Etat aux efforts certes modestes d'intégration de cette branche. Cette dernière reste fortement dépendante des équipements, pièces et autres demi-produits, des importations de l'étranger. Quant à la solvabilité de la demande, en dépit de l'effort de soutien de l'Etat, le crédit immobilier reste toujours inaccessible à la majorité des citoyens. La système locatif, touché par la spéculation sur le foncier, ne constitue plus, lui, une alternative pour la majorité des postulants. Dans cette quadrature du cercle, et dans un scénario d'immobilisme des pouvoirs publics face à ces difficultés des citoyens, il faut s'attendre à de fortes turbulences du climat social au cours des prochaines mois. K. R. [email protected]