L'Algérie envisage de contribuer à la réalisation d'un projet solaire de grande envergure dans le Sahara. Après avoir refusé le projet initié par les Allemands “Desertec”, notre pays s'intéresserait à un second projet algéro-japonais baptisé “Sahara Solar Breeder” (SSB). C'est dans ce contexte que le deuxième Symposium académique Algérie-Japon s'est tenu, jeudi, à l'Université des sciences et de la technologie Mohamed-Boudiaf d'Oran (USTO), juste après le 2e Forum Asie-Pays Arabes et le 4e Workshop international sur le programme Sahara Solar Breeder (SSB). Organisé en partenariat avec l'université de Tsukuba du Japon, cette rencontre a réuni une trentaine de chercheurs des deux pays pour aborder divers thèmes d'intérêt commun à même d'inciter les deux parties à nouer des coopérations en matière de recherche et de formation. Le projet de production d'énergie solaire permettra la réduction de 60% des coûts de production de cette énergie, a annoncé, à Oran, le chef de l'unité de recherche en énergies renouvelables en milieu saharien à Adrar. Le projet algéro-japonais SSB qui porte sur le développement des technologies solaires a été au centre de cette rencontre qui a été rehaussée par la participation d'une centaine de chercheurs algériens et japonais pour la plupart, ainsi que d'autres d'invités provenant d'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, du Sultanat d'Oman, de la France et de la Tunisie. L'énergie, l'environnement, les bio-ressources, l'économie et les sciences sociales et humaines figurent parmi les spécialités proposées dans le cadre des échanges d'expériences envisagés par les deux établissements d'enseignement supérieur algérien et japonais. La première édition de ce symposium s'était tenue en novembre 2010 à l'Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene d'Alger. Le choix d'Oran pour la tenue de cette nouvelle édition n'est pas le fruit du hasard puisqu'il répond à la volonté des chercheurs japonais de participer également au Forum Asie-Arabe sur l'énergie durable et au workshop international sur le programme algéro-japonais “Sahara Solar Breeder”. La participation japonaise a été également marquée par la présence d'acteurs du secteur énergétique, spécialisés notamment dans l'élaboration du silicium à partir du sable et les nouvelles technologies de dessalement. L'industrie algérienne a été représentée par les grandes compagnies de Sonatrach et Sonelgaz, aux côtés d'organismes comme le Centre de développement des énergies renouvelables, l'Unité de développement des technologies solaires et l'Unité de développement des équipements solaires. Professeur à la faculté de génie électrique de l'USTO, Boudghene-Stambouli Amine est le président du Forum Asie-Arabe et le manager scientifique du programme “SSB” devant permettre, à l'échéance 2015, l'acheminement de l'énergie solaire du Sud algérien vers la région nord du pays en vue d'alimenter les stations de dessalement d'eau de mer. Une étude est en cours d'élaboration dans le cadre de ce projet international de recherche par la Japan Science and Technology Agency (JST) et Japan International Cooperation Agency (JICA). L'équipe s'attend à devoir surmonter de nombreux problèmes, y compris les fréquentes tempêtes de sable, la nécessité d'utiliser l'azote liquide pour refroidir les câbles et de les enterrer dans le sable afin de minimiser les fluctuations de température. Ce projet qui est encore à un stade relativement préliminaire a pour objectif de fournir, en 2050, la moitié de l'énergie consommée par l'humanité. Il est basé sur l'utilisation des sables du désert pour produire le silicium qui entre dans la fabrication des panneaux photovoltaïques. L'énergie captée par les champs de panneaux solaires serait acheminée par câbles supraconducteurs souterrains. L'énergie excédentaire servirait à faire fonctionner des usines de dessalement destinées à faire face aux besoins d'irrigation des régions où seraient installés les capteurs solaires. Pour construire de façon crédible le projet Apollo, les chercheurs prévoient un investissement annuel de l'ordre de 1,1 million de dollars pendant cinq ans, ce qui est insuffisant pour faire face à l'ensemble des coûts de recherche et de développement du projet. Les objectifs de la phase de recherche sont de démontrer la possibilité de fabrication de silicium de haute pureté à partir du sable saharien et la construction d'un réseau longue distance en courant continu sur la base de câbles supraconducteurs à haute température. Plus ambitieux que “Desertec” qui prévoyait seulement de satisfaire 15% de la demande européenne d'énergie électrique vers 2050, le projet SSB, en intégrant d'emblée la production de panneaux solaires et la localisation des centrales électriques sur les lieux de collecte de l'énergie dans son schéma global, répond beaucoup mieux aux préoccupations de la planète. K. R-I