Djanian-Bourezg dépassé, nous arrivons à Naâma, une zone frontalière par excellence. Le maillage sécuritaire est visible. Il est assuré tout au long de ces routes qui mènent au Grand-Sud et au nord du pays. Au deuxième jour de notre périple, nous arrivons à Naâma. C'est à partir de cette ville frontalière avec le Maroc que la plus grande manœuvre de lutte contre le terrorisme et la drogue a été menée en 2008 par le patron de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Bousteïla. À peine arrivés, on annonce l'arrestation de six individus impliqués dans l'affaire des 50 kilos de cannabis dans la wilaya d'Annaba. En effet, le jour même (vendredi, ndlr), les enquêteurs de la section de recherches (SRGN) piège quatre véhicules qui se dirigeaient vers El-Tarf. Un Range Rover, une Renault Mégane, une Clio et une Peugeot 207. À bord de ces véhicules, 200 kilos de kif traité, vraisemblablement destiné à être acheminé vers la Tunisie. Au même moment, le patron de la GN de Naâma, le commandant Abderzak Djemili, nous confirme que l'enquête ouverte par ses services suite à la saisie de 10 quintaux de drogue devrait porter ses fruits, surtout que l'identification du camion abandonné par le convoyeur a confirmé la falsification de son numéro de châssis et de ses papiers. En effet, ce jour, ce convoyeur a voulu faire passer une tonne de marchandise via ce couloir, évitant ainsi celui de Béchar. C'était compter sans la vigilance des gendarmes qui avaient, eux aussi, le renseignement et leur parade pour intercepter ce camion de gros tonnage. À peine arrivé à Aïn Sefra, cet engin cause un accident de la circulation. C'est ainsi que les narcotrafiquants ont essuyé un énième échec sur cet axe placé sous haute surveillance. Le second cas sera aussi résolu avec le démantèlement d'un réseau de trois individus et la saisie de 4,7 kilos de la même substance. Deux acolytes, identifiés, sont actuellement en fuite et font l'objet de mandats de recherche. Mieux, ces deux affaires buteront sur une quantité de 7,1 kilos de cannabis et l'arrestation de trois autres narcotrafiquants. Une permanente surveillance aérienne des frontières C'est que les barons du kif procèdent en cette période du mois de mai à l'acheminement de grandes quantités de drogue commandées tant en Europe, au Moyen-Orient qu'aux pays du Sahel. “Nous procédons à une surveillance aérienne ponctuelle du territoire de Naâma et du tracé frontalier algéro-marocain. Ces opérations sont souvent inopinées, surtout que nous menons des descentes après un travail de renseignement, tout en usant de nouvelles parades, conformément au plan spécial de surveillance du tracé frontalier”, expliquera encore M. Djemili qui avoue qu'un autre travail en profondeur est également mené par ses unités à travers un réseau routier de 1 600 km et une frontière de 200 km. À 20h, nous arrivons à Mécheria. Un dispositif impressionnant est déployé en guise de descente et d'exercice des unités territoriales qui consiste à surveiller les biens, mais surtout à redoubler de vigilance face aux convois qui transitent à partir de 18h sur cet axe très fréquenté. Et pour cause, les gendarmes de Naâma recourent davantage aux élites de la GN, en l'occurrence les SSI (section de sécurité et d'intervention) pour opérer sur ces terrains accidentés. Bus, camions, fourgons, transports frigorifiques et autres engins sont soumis à identification à partir de certains axes. Surtout que la région ne recèle pas une criminalité importante comme les grandes villes. Mais le passage de la drogue inquiète les autorités sécuritaires qui appuient les gardes-frontières au second niveau, à savoir les routes. Il est à peine 23h, rien à signaler, sinon des contraventions liées à l'absence de factures et aux conditions hygiéniques d'acheminement des marchandises vers les wilayas du Grand-Sud, des Hauts-Plateaux et de l'Ouest. Traqués à tous les niveaux, surtout qu'ils recourent davantage aux armes de guerre, les narcotrafiquants sont souvent assimilés, de par leur activité et leur mode opératoire, aux terroristes. F. B.