La Croisette a retrouvé ses allures de fête cinématographique. Le plus grand rassemblement de professionnels de cinéma du monde se tient cette année sous un ciel quelque peu menaçant. Les films en compétitions, dominés par des œuvres sombres, montrées jusque-là, semblent enchanter les médias et le public. Les stands, marché mis à part, connaissent une offensive des pays du Golfe. Cette année, verra l'entrée de l'Algérie dans l'arène laquelle sera également présente avec le Repenti de Merzak Allouache, présenté dans la Quinzaine des réalisateurs. Les professionnels du cinéma ont répondu massivement présent. Les gens se bousculent auprès des guichets des accréditations. Ce qui est tout à fait normal quand on sait le nombre de personnes que l'on peut rencontrer et l'inestimable temps que l'on peut économiser. Il y a ceux qui viennent vendre et acheter des films, des journalistes, des producteurs, des réalisateurs, des photographes et des officiels. Parfois Cannes se transforme en caisse de résonance idéologique et de revendications politiques. Ainsi, Sean Penn, Paul Haggis et Petra Nemcova, par exemple, sont venus présenter leur action en faveur de Haïti Opération Haïti, Angelina Jolie pour défendre et répondre ses idées humanitaires et Bernard Henri Levy livrer ses opinions à travers son film Le serment de Tobrouk et débat sur la Libye. Outre cela, il y a ceux qui sont venus prendre la Palme ou récolter des prix. Le très attendu Après la bataille de Yousri Nassroulah, manifestement, a déçu beaucoup le public. Mais les arguments avancés sont souvent faiblards. Cela relève plus du jugement idéologique d'une œuvre, avant tout humaine. À travers ce film, le réalisateur égyptien a exposé les lendemains de la récente révolution égyptienne. Le film a été tourné dans des conditions réelles. Le scénario s'est écrit en même temps que les évènements de la place Tahrir et les acteurs ont joué dans des décors réels et des situations véridiques. Jacques Audiard, de son côté, Grand Prix du jury pour un Prophète, revient avec un film sombre de Rouille et d'Os. La critique, notamment française, le cite déjà parmi les prétendants à la Palme d'Or. Mais cela est à la fois exagéré et très tôt pour se prononcer. Du côté des stands de pays, la nouveauté vient donc de l'Algérie qui s'est offert un stand. Il compte dès à présent parmi les stands marocain, Emirati et Qatari. Selon les premières impressions, recueillies lors de la réception donnée le 18 mai, les organisateurs affichent l'optimisme. On y rencontre des professionnels algériens qui viennent chercher des financements ou faire de la promotion. Ainsi Saïd Ould Khlifa et Mohamed Chouikh, invités par le festival, sont venus à Cannes pour promouvoir leurs derniers films. De l'extérieur, nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur l'intérêt d'un tel stand alors que le cinéma algérien est absent vu sa longue convalescence. Côté films, la plus importante présence est celle du Repenti de Merzak Allouache, qui sera projeté dans la quinzaine des réalisateurs. Aussi, on note la présence du film l'Encre et le Monde, de Sofiane Bellali et Mollement un samedi matin de Djama Sofia, dans le catalogue du Short Film Corner. En fait, ce programme domicilié dans le marché du film permet aux jeunes, moyennant une centaine d'euros de voir leur film inscrit dans le catalogue et projeté dans les petites salles. Cela aussi, permet aux réalisateurs de bénéficier de deux accréditations. T. H.