Résumé : Louisa est de plus en plus fatiguée. Kamel lui demande d'arrêter la voyance mais elle argumente sa situation et il passe sous le joug. Pourtant sa grossesse n'est pas facile. Un jour elle ne put se lever… Sa belle-mère refuse qu'elle voit un médecin… Au petit matin, la jeune femme fait une hémorragie. Ma belle-mère accourt avec une bougie, et Kamel saute sur ses pieds : - Que se passe-t-il donc ? À la lueur de la bougie, il constate que je nageais dans mon sang. Na Daouia se penche vers moi : - Tu es comme ça depuis combien de temps ? - Je ne sais pas… toute la nuit peut-être. Je viens à l'instant de me rendre compte que… Les mots restèrent dans ma gorge. J'étais trop faible pour parler… Trop faible même pour ouvrir les yeux. Je sombrais… ! Lorsque je revins à moi, il faisait grand jour. Quelqu'un avait déposé sur mon front une serviette fraîche, et je constatais que quelques boites de médicaments étaient déposées à côté de mon lit. Une ombre s'approche de moi. Kamel ! Il avait le regard d'un évadé : - Tu m'as fais une de ces peurs Louisa… ! Comment te sens-tu… ? Je prends une longue inspiration : - Je me sens mieux… mais encore faible. Que s'est-il passé ? Kamel se passe une main dans les cheveux : - Rien de grave… Rassure-toi… Tu… tu iras beaucoup mieux dans quelques jours… Tu es surmenée et… Mais son ton n'était pas rassurant. Je sentais qu'il me cachait quelque chose. Le bébé ! Je tente de me relever. Mais il m'en empêche : - Tu es trop faible pour te lever. Repose-toi, Louisa… Ton état n'est pas aussi alarmant que nous le craignons. Je porte une main à ma bouche : - Kamel… le bébé…. j'ai perdu le bébé…. Un sanglot m'étouffe. Mon enfant ne verra jamais le jour. Par ma faute peut-être… Je suis la seule coupable. Mon mari s'approche de moi et me prend dans ses bras : - Courage Louisa… Un bébé n'est jamais perdu. Nous pourrons en avoir un autre bientôt. Rends plutôt grâce à Dieu de t'avoir maintenue en vie. J'ai cru voir ta dernière heure arrivée ce matin… mais le médecin nous a rassurés… Ton hémorragie avait fini par s'épancher. Il te faudra maintenant quelques jours de repos et tout rentrera dans l'ordre. Les larmes inondèrent mon visage. Je me suis tellement accrochée à l'espoir de bercer cet enfant dans mes bras que le fait de l'avoir perdu m'emplit de remords. Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Ni ma belle-mère, ni mon mari, ni les voisines, ni les amis ni personne d'autre ne pouvait comprendre mon chagrin et m'aider à le surmonter. J'étais anéantie. Je restais dans cet état d'hébétude plusieurs jours. Je déprimais. Je ne voulais ni manger ni prendre mes médicaments. Le médecin revint me voir plusieurs fois et me prescrit des calmants. Je ne voulais rien prendre. Je voulais mourir… rejoindre mon bébé. Ce ne fut qu'au bout d'un temps indéfini que je pu reprendre enfin pied. Cela s'est passé un matin. Je me réveillais d'un sommeil profond et réparateur. Kamel avait dû rajouter un sédatif dans ma tisane. Je me disais que je devrais me lever de ma couche et sortir un peu. Les forces me manquèrent mais ma volonté l'emporte. Je rejoins ma belle-mère dans la cuisine. Elle ouvrit tout grands ses yeux : - Tu es debout Louisa… ? Je n'en crois pas mes yeux… Comment te sens-tu… ? - Assez bien pour ne plus rester au lit… Je titube, et elle me retient - Tu en es sûre ? - Cela ne servira à rien de passer mes journées à ruminer… Mon bébé est parti… Il est parti, et il ne reviendra pas. J'avais débité cette phrase sans tristesse, sans chagrin et sans larmes. J'étais guérie… Guérie de ma mélancolie. Guérie de ma mauvaise passe. Je tire le rideau de la cuisine et je constate qu'un soleil timide se levait sur la ville. La vie me souriait. - Ton beau-père et Kamel sont partis… Je devais sortir faire des courses mais je ne voulais pas te laisser seule. Je tire une chaise sur laquelle je m'affale avant de me servir un café : - Tu peux sortir Na Daouia… Je me sens assez solide sur mes pieds pour me déplacer. Tiens, je vais m'occuper du déjeuner. -Non... surtout pas. Kamel nous tuerait… Il… il trouve qu'on t'a assez exploitée. Je compris que mon mari avait dû faire toute une scène à sa mère. Pour lui c'était elle, et elle seule la cause de mon état. (À suivre) Y. H.