Résumé : Na Daouia a bien fait ses comptes. Pour elle, si Louisa consent à pratiquer la voyance sous son toit, elle sera gagnante dans l'affaire. Mais Louisa n'est pas dupe. Elle donne son accord, mais pose des conditions. Na Daouia sera-t-elle d'accord ? J'ébauche un sourire : -La voyance demande de la concentration…De la concentration et de l'énergie..Pour cela, il faut que je me nourrisse convenablement. Elle bat l'air de ses mains : -Qu'à cela ne tienne..Je te nourrirais de mes mains..Je te préparerais des plats consistants et…. - Non.. Tu n'auras aucunement besoin de te fatiguer pour moi Na Daouia.. Je suis assez grande pour me préparer moi-même à manger à condition d'avoir les moyens d'acheter de quoi manger. -Oui, Oui bien sûr…Tu vas gagner de l'argent…Cela va de soi…Nous allons nous permettre un tas de choses avec. Heu…tu veux que je fixe les prix c'est çà ? Elle se met à rire et me pince la joue : - Petite coquine, je savais que tu n'allais pas refuser. - Je n'ai pas encore dit mon dernier mot. Ma belle-mère s'écrie : - Mais où veux-tu donc en venir ? Je ne te suis pas. -Eh bien, Na Daouia… j'aimerais savoir qui va encaisser l'argent de mes séances de voyance ? Les yeux exorbités, Na Daouia me fustige : -Qui d'autre gère le budget de la famille en dehors de moi ? -Ah, nous y voilà ! Je savais que tu avais tout à gagner là-dedans. - C'était mon idée non ? Et puis comme cela doit se passer chez moi, je dois tout de même prendre cet argent et le dépenser pour les besoins de la famille. Je secoue la tête : - Dans ce cas là, je refuse Na Daouia. - Quoi ? - Je ne vais pas pratiquer la voyance… Ma belle-mère se lève et se met à taper du poing sur la table : - Tu veux me tenir tête petite chipie, personne ne peut tenir tête à Na Daouia. Cela fait longtemps, bien longtemps que personne n'ose contrecarrer mes projets. - À ta guise, mais je ne vais pas pratiquer la voyance…Personne ne m'y obligera… Pas même Kamel mon mari… Kamel qui suivait la scène sans mot dire, me regarde, et je me mets à rire : -Je pourrais éventuellement ouvrir un cabinet avec toi Kamel, et nous travaillerions ensemble. Prenant mes dires au sérieux ma belle-mère s'empresse de lancer : -Voyons Louisa ma fille, tu ne vas tout de même pas nous fausser compagnie. Ecoute-moi donc : Tu vas recevoir tes clients ici, et nous allons nous partager la recette de la journée. Cela te va? Je fais semblant d'hésiter et elle s'empresse de poursuivre : -Aller dis-oui…Je te promets de ne prendre que ce que tu me donneras…Tiens, je ne vais même pas compter l'argent…… -À combien va –tu donc fixer les prix ? Na Daouisa redevint sérieuse tout d'un coup et se met à se gratter la tête : -Disons cinq francs comme versement initial, puis nous verrons…Si les personnes reviennent, nous augmenterons les prix au fur et à mesure que les séances s'étalent. Et puis il y a le facteur temps…et… -C'est bon, je ne vais devenir trop coriace par ces temps de vaches maigres… Les gens sont malheureux, et ont besoin de réconfort..J'estime que cinq francs est un prix assez acceptable. -Bien, comme tu voudras…Je vais devoir me contenter de mes deux francs cinquante alors. Euh…bien sûr cela dépendra aussi du nombre de gens que tu recevras quotidiennement…Pour commencer, je vais faire courir le bruit dans la cité… Tu es la belle-fille de Na Daouia…Tu es voyante…Tes prédilections sont infaillibles…. Je lève une main suppliante : -S'il te plaît ! Je ne suis rien que moi-même. Laisse les gens me découvrir telle que je suis. Mon talent parlera pour moi. Tout le tape-à-l'œil que tu veux faire, ne servira à rien. Le sommeil me taraudait : -Maintenant, si tu le veux bien… j'aimerais aller me reposer. Je suis épuisée. Plantant là Kamel et ses parents, je me dirigeais vers ma chambre. Mon mari ne tarda pas à me rejoindre. Il me demanda d'un air ironique : -Alors tu deviendras la chouaffa des émigrés…Tu es d'accord avec les idées diaboliques de ma mère ? Je souris dans un demi-sommeil : -Cela nous fera un peu d'argent…Tu ne trouves pas… ? (À suivre) Y. H.