Selon le P-DG de Naftal, il n'y a pas actuellement de pénurie d'essence en Algérie. L'essence sans plomb en particulier est disponible. L'annonce du directeur général des hydrocarbures, M. Hanifi, a surpris l'auditoire. “L'essence sans plomb sera généralisé en 2013 en Algérie”, a-t-il indiqué lors de son intervention hier lors de la journée d'étude sur la médiatisation de l'essence sans plomb organisée par les ministères de l'Energie et de l'Aménagement du territoire, avec la participation de Naftal et de Sonatrach. Traduire : avec l'achèvement du programme de réhabilitation des raffineries de Sonatrach, l'appareil de raffinage aura la capacité de produire uniquement de l'essence sans plomb. Actuellement, seule la raffinerie de Skikda produit de l'essence sans plomb. Ce programme est bien avancé, a indiqué en ce sens la représentante de Sonatrach. Les travaux de réhabilitation de la raffinerie d'Arzew seront achevés en juin 2012, ceux de Skikda en 2013 et ceux de la raffinerie d'Alger en 2014. Toutes ces raffineries rénovées produiront de l'essence sans plomb pour satisfaire les besoins domestiques. Quid de l'essence avec plomb, très polluant ? Le P-DG de Naftal, M. Akrechtch, a nuancé, en marge de la rencontre : “Ces raffineries continueront à produire de l'essence avec plomb, pour répondre à la demande domestique.” En effet, plus de 60% des véhicules en Algérie ont plus de 20 ans d'âge. Plus précisément, les véhicules mis en service avant janvier 1987 ne sont pas adaptés à fonctionner à l'essence sans plomb. Cette catégorie de véhicules ne consomme donc que de l'essence avec plomb. Tant que ces véhicules ne sont pas retirés de la circulation, il y aura une demande en essence avec plomb. Le premier responsable de Naftal, filiale à 100% de Sonatrach, a affirmé que l'essence est disponible. Il n' y a pas de pénurie d'essence. L'essence sans plomb notamment est disponible. Naftal commercialise 12 millions de tonnes de produits raffinés en Algérie dont 2 millions de tonnes de GPL annuellement. Mais ce qui est clair, c'est que les quantités d'essence sans plomb commercialisées seront beaucoup plus importantes, avec l'introduction sur le marché national d'environ 300 000 véhicules neufs par an et l'achèvement du chantier de rénovation des raffineries. En fait, ce discours officiel, d'apparence contradictoire, s'explique par la position guère aisée des pouvoirs publics. L'Etat hésite à mettre en œuvre une réglementation plus stricte élaborée par l'Agence de régulation des hydrocarbures (ARH) depuis au moins deux ans, destinée à accélérer le retrait de la circulation des véhicules polluants, en un mot des vieilles voitures, pour des considérations sociales. L'Etat n'a pas également défini de nouvelles spécifications en matière de teneur en plomb et de soufre contenu dans l'essence en vue d'une consommation de carburants moins polluants. Le seuil limite dans la réglementation actuelle est de 0,40 g de plomb/litre d'essence produit en Algérie. À noter que le plomb est un produit dangereux. L'essence avec plomb contribue à la pollution atmosphérique. Il représente une menace sur la santé de la population dans les centres urbains. La représentante des Nations unies pour l'environnement a indiqué, en ce sens, que 1,3 million de personnes meurent dans le monde à cause de la pollution atmosphérique dans les centres urbains. On enregistre la mort d'un million de bébés prématurés. Cette pollution coûte 2% du produit intérieur brut dans les pays en développement et 5% dans les pays développés. L'essence avec plomb est une source élevée de pollution atmosphérique, a-t-elle ajouté ; l'inhalation du plomb, qui est très toxique à travers les émissions dans l'air, peut affecter le cerveau, le foie, les os... Elle peut affecter le développement du cerveau chez l'enfant, réduire son quotient intellectuel. Enfin, la part de la consommation d'essence avec plomb est de 30% en Algérie, l'essence super de 50%. Sur 3 millions de tonnes d'essence commercialisées chaque année, seulement 600 000 tonnes d'essence sans plomb sont consommées, soit une portion de seulement 20%. Il reste donc beaucoup à faire. K. R