La tendance est à une montée des besoins domestiques en carburants ayant pour effet d'alourdir la facture importations en gasoil, et de réduire de manière significative les exportations algériennes de produits raffinés. Le groupe Sonatrach prévoit 4 milliards de dollars d'investissement pour réhabiliter les raffineries de Naftec. L'équilibre offre-demande n'est pas garanti sans de nouvelles raffineries. Le retard dans la rénovation des raffineries pénalisera l'Algérie pendant plusieurs années. Après des importations massives de carburants en 2007, 2008 et 2009 et la pause de 2010, elle devra recourir de nouveau à des achats importants d'essence à l'étranger en 2011, 2012 et probablement en 2013 du fait des arrêts programmés des installations d'Arzew, de Skikda et d'Alger en raison des nécessités du grand chantier de réhabilitation de ces raffineries. La mise en service de la raffinerie de condensat de Skikda l'année dernière aura permis de stopper pour seulement une année ces importations constituées principalement de gasoil. Sonatrach compte pourtant injecter 4 milliards de dollars US dans la rénovation des raffineries pour parvenir à un équilibre entre l'offre et la demande domestique. Les raffineries totalement rénovées entreront progressivement en activité : Arzew en décembre 2011 , Skikda en août 2012, Alger en 2013, selon les prévisions de Sonatrach. La capacité de raffinage passera alors de 21 millions de tonnes/an actuellement à 25 millions de tonnes/an à partir de 2014, non comprise la nouvelle raffinerie de condensat de 5 millions de tonnes/an. Concernant la raffinerie de Hassi Messaoud, il reste à décider s'il faut la rénover ou lancer la réalisation d'une nouvelle installation. Retard à la raffinerie de Tiaret En attendant, l'Algérie subira les effets d'une diésélisation poussée du parc automobile et d'une croissance importante des besoins domestiques en carburants, principalement de gasoil. Les importations d'essence iront alors crescendo. Conséquence d'une telle tendance, avertit un expert, «l'Algérie n'exporte que du naphta destiné à la pétrochimie, les ventes d'essence à l'étranger se sont réduis comme peau de chagrin.» L'Algérie exportait dans les années 90 environ 14 millions de tonnes de produits raffinés par an. Elle n'en exporte actuellement qu'entre 8 à 9 millions de tonnes annuellement. «Cette situation a fait perdre à Sonatrach 1 milliard de dollars en 2009», ajoute la même source. Les perspectives à moyen long terme ne sont pas roses. Le retard dans la réalisation de la raffinerie de Tiaret d'une capacité prévisionnelle de 15 millions de tonnes/an dont 50% destinés à l'exportation a un prix. La montée des besoins domestiques avec des objectifs affichés de réindustrialiser le pays et de maintenir une croissance économique forte risque d'obliger Sonatrach à affecter l'installation à la couverture essentiellement des besoins locaux. L'objectif de la compagnie pétrolière nationale est d'atteindre, notons-le, une capacité de raffinage de plus de 45 millions de tonnes/an, à l'achèvement des installations de Tiaret. Plus d'exportation d'essence en 2027 Dans cette confrontation entre l'offre et la demande , il convient de retenir que cette dernière est destinée à contribuer de façon significative à la satisfaction des besoins domestiques pendant une période de sept ans, a souligné le PDG de Sonatrach, Nordine Cherouati. Au-delà, il faudra envisager de se doter d'une capacité supplémentaire. A cet égard, une étude récente de l'agence de régulation des hydrocarbures ARH indique que dans un scénario fort (croissance économique soutenue) et de laisser-faire, l'Algérie sera contrainte de ne plus exporter d'essences à partir de 2027, sous la pression de la hausse de la demande domestique. Combat d'arrière-garde L'Algérie se trouve donc dans un tournant dans sa politique énergétique. Elle sera tôt ou tard contrainte d'adopter un modèle de consommation énergétique moins gourmand en gasoil, privilégiant davantage le GPL et le gaz naturel carburant. En dépit d'un combat d'arrière-garde de l'Assemblée populaire nationale qui s'est opposée à maintes reprises à une hausse, même faible, du prix du gasoil et à une politique privilégiant les produits énergétiques dont les réserves sont les moins entamées, ajoute le même expert. En ce sens, l'ARH travaille à l'instauration d'une nouvelle réglementation prévoyant le retrait de circulation des véhicules les plus polluants. La question reste de savoir si les lobbies de la place ne comptent pas encore une fois entraver le processus de rationalisation de la consommation domestique de produits énergétiques.