L'ouverture des travaux du séminaire national intitulé “Repenser l'université” et organisé par la faculté des sciences sociales de l'université d'Es Sénia s'est tenue dans une salle clairsemée, avec de rares universitaires venus débattre de questions, pourtant primordiales, puisqu'il s'agit de “penser une université algérienne” pour la sortir de la crise qui la traverse. Alors qu'était attendue avec intérêt l'intervention de Mme Souad Bendjaballah, en sa qualité de ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique, celle-ci restera muette, arguant de sa présence en sa qualité d'enseignante uniquement. Les premiers intervenants qui se sont succédé ont tous, à leur façon, évoqué “l'échec de l'université algérienne” qui a vu les décideurs depuis l'Indépendance opter pour le quantitatif, “une bataille, certes gagnée, des 3 000 étudiants au lendemain de l'Indépendance ; l'université algérienne est passée aujourd'hui à 1 300 000 étudiants”, dira un intervenant, soulignant avec ses collègues que le qualitatif a été en quelque sorte sacrifié. C'est Abderrahmane Moussaoui, de l'université d'Aix (France), qui évoquera “l'explosion quantitative qui cache mal le problème du qualitatif” et qu'avec la réforme de 1971, l'université algérienne a été le lieu de “production idéologique par des symboles comme l'arabisation… et, aujourd'hui, l'on assiste à cette réalité que l'université algérienne n'est plus le lieu de transmission des idéaux universels mais d'une idéologie nationale”. Et de souligner la nécessité de briser le carcan pour que l'université réponde à sa vocation première, sous-entendant une production et une transmission de savoir et de valeurs. Mohamed Bahloul, directeur de l'IDRH, ne dira pas autre chose en expliquant que l'échec et la crise profonde au sein de l'université algérienne sont à comprendre aujourd'hui à partir du contrôle social qui a été fait de l'université par les politiques. Son intervention articulée autour de “l'université algérienne face au changement : de la crise de nationalisation à la crise de mutation” lui a permis d'aborder la question de l'échec de l'émergence d'une “université algérienne” (production de compétence, de modèle social), parce que toujours soumis au contrôle du “centre”, c'est-à-dire de l'Etat, du pouvoir. Pour l'orateur, le défi à relever aujourd'hui est de parvenir à concilier la nécessaire démocratisation de l'université avec l'autre exigence, celle de la formation d'élites qui doit passer, selon l'orateur, par une sélection et de l'éthique. Dans la journée, d'autres interventions sont attendues, comme celle du professeur Ahmed Ghouati sur le bilan du LMD ; un débat intéressant devrait avoir lieu compte tenu des critiques nombreuses formulées sur cette réforme. En effet, des voix s'élèvent de plus en plus pour dire que ce système ne pouvait que conduire à l'échec en Algérie car pris comme un système que l'on a importé et imposé sans réelle réflexion ou concertation. La dernière fausse note de ce séminaire est que les organisateurs ont attendu la fin de la matinée pour enfin demander aux présents d'observer une minute de silence suite au drame et au décès de sept étudiants à l'université de Tlemcen vendredi soir. D. L