Les statistiques sur l'évolution du nombre des étudiants, des enseignants, souvent mises en avant, en guise d'analyse et de bilan, révèlent à elles seules toutes les politiques et les idéologies ayant façonné l'université algérienne d'aujourd'hui. Le séminaire national, qui va entamer ses travaux aujourd'hui à l'amphithéâtre de l'IGMO d'Oran, a choisi de se pencher durant deux jours sur l'état de l'université algérienne avec ce titre évocateur : “Repenser l'Université”. D'emblée, ce séminaire se trouve comme orienté par l'actualité de ces derniers mois, avec la révélation au grand jour de nombreux scandales au sein d'établissements supérieurs à Oran et dans d'autres wilayas du pays notamment et qui sont liés aux trafics de sujets de Magistère, du marchandage de note, de faux diplômes permettant l'accès à l'université, les plagiats de mémoires et de travaux de recherches… Autant de pratiques qui en disent long, finalement, sur l'état de l'université algérienne et de sa gouvernance depuis ces 20 dernières années seulement. Dans son argumentaire, le comité scientifique du séminaire justifie cette “mise à plat” des maux de l'université où tout a changé, “à la fois notamment les composantes étudiantes et enseignantes, la langue et la culture, les rapports pédagogiques, le rapport au travail et au savoir et la vision du monde et de l'avenir”, ajoutant plus loin qu'il est urgent aujourd'hui d'analyser et de faire le bilan des politiques ayant abouti au constat d'aujourd'hui. Il est encore dit que si les parties prenantes sociales appellent à une mutation décisive “l'université n'est plus ce qu'elle était et elle n'est pas ce qu'elle devrait être, surtout aujourd'hui où le savoir est devenu le facteur moteur structurant dans la société …” Les statistiques sur l'évolution du nombre des étudiants, des enseignants souvent mises en avant, en guise d'analyse et de bilan, révèlent à elles seules toutes les politiques et les idéologies ayant façonnées l'université algérienne d'aujourd'hui. Et de là découlent tous les enjeux, débats et questionnements autour, entre autres, de l'introduction du LMD en Algérie “imposé par les organismes internationaux et la mondialisation de l'enseignement universitaire”, explique un professeur, la dimension et la place de la pédagogie au cœur de la transmission du savoir et du rapport entre enseignants et étudiants, sans oublier la question de la définition où plutôt de la redéfinition nécessaire du Baccalauréat. Ainsi, durant les deux jours consacrés à ce séminaire, sont attendus nombre d'intervenants pour lancer un débat et nous citerons dans ce cadre les communications de Mohamed Bahloul de l'université d'Es Senia sur “l'université algérienne face au changement : de la crise de nationalisation à la crise de mutation”, et de Rouadjia Ahmed, université de M'sila, qui évoquera pour sa part “la crise des sciences sociales en Algérie”. Sont encore attendus Ghouati Ahmed, de l'université d'Auvergne, avec une communication intitulée “Bilan de la réforme LMD : élément pour un débat sur l'université”, entre autres. À noter la présence annoncée lors de ce séminaire du ministre délégué à la Recherche scientifique. D. L