156 œuvres visibles dans ce musée. Une rétrospective du parcours mondialement reconnu d'un plasticien que le public algérien découvre pour la première fois. Il a quitté l'Algérie en 1965 et s'est installé à Tourcoing (dans le nord de la France) où il vit à ce jour. 47 ans après, ce plasticien revient dans le pays qui l'a vu naître exposer, pour la première fois, ses œuvres qui jouissent d'une renommée internationale. L'exposition, dont le vernissage a eu lieu jeudi dernier, se déroule jusqu'au 30 septembre 2012, au Musée national d'art moderne et contemporain (MaMa). Elle présente la première activité en relation avec les célébrations du cinquantenaire de l'indépendance. Cent-cinquante-six tableaux, des sculptures et des objets de céramique sont visibles de par leurs formats différents, de la richesse et de la variété de sa palette de couleurs. Les œuvres exposées, qui signent le retour de l'enfant prodigue, se déclinent en séries, voire en périodes. Sa peinture est cyclique, reflétant son état d'âme. Une peinture qui se répète soit à travers la couleur, soit à travers le thème qui sera développé. Un processus de reconstruction serions-nous tenté de dire. Maniant à la perfection différentes techniques (huile sur toile, acrylique et encre sur papier, acrylique sur papier et autres techniques mixtes), Mahjoub Ben Bella trouve son compte dans l'art abstrait. Un registre qui lui permet d'exprimer une profusion de sentiments, selon le moment, selon le contexte. Cela se lit à travers la forme et les couleurs. Le sujet qui est présent en force c'est le signe. Deux univers relatifs au signe sont présents. Celui spécifique à l'Orient, il le redécouvre, il se le réapproprie, il le réinvente. Celui relatif à l'Occident, il le dompte, l'apprivoise, le rend sensible, fluide… Le signe est répété, tel une litanie, reproduisant une écriture. Dans certaines toiles, d'autres éléments (comme les clous…) se greffent, donnant au tableau une seconde peau. Des signes entrelacés, enchevêtrés qui forment un tapis de couleurs, de motifs… La fluidité, ce détail ô combien présent, rend l'œuvre plus accessible aux diverses interprétations du public. On ne peut point rester insensible devant un lyrisme pictural. On se laisse transporter par ses sens. Chaque œuvre est une poésie inachevée, sans fin. Dans chacune, deux regards se confrontent : le contemplatif et l'actif. “Parti à la recherche d'une peinture qui dure, Ben Bella a trouvé le propos exact, du moins celui qui convient à son dessein créatif. Ses tableaux appartiennent à l'espace d'un artiste indépendant, ne voulant correspondre à aucun classement et se méfiant de tous les compromis, pour ne prétendre qu'à une rencontre avec le sublime”, écrit Mohamed Djehiche, l'un des commissaires de l'exposition et directeur du Mama. On n'a pas besoin de détailler les œuvres pour déceler le talent mais également l'application dans le travail et surtout la maîtrise de la technique et du sujet. Son mot d'ordre c'est la diversité dans la continuité. Cette exposition reflète, voire retrace, en grande partie, le parcours de l'artiste, de ses débuts durant les années soixante-dix jusqu'à nos jours. Le public est happé par la variation plastique de ces œuvres qui reflètent les différentes recherches et autres expérimentations de l'artiste. S'il a fallu attendre plus de quarante ans pour découvrir le travail de Mahjoub Ben Bella, cette exposition valait l'attente. A I Exposition de Mahjoub Ben Bella au Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger (MaMa), jusqu'au 30 septembre.