Selon une mouture du rapport de la Cnisel, qui était encore en discussion hier soir, “des pratiques malveillantes ont manipulé les voix des électeurs”. Ces pratiques, précise-t-on, “ont dominé” le scrutin du 10 mai et celui-ci “a perdu sa crédibilité”. Le rapport, qui devait être rendu public “au plus tard” le 24 mai, ne l'est toujours pas. La Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (Cnisel) a mis au moins une semaine pour enfin le finaliser avant de l'adopter et le remettre au président de la République au cours de la semaine. Selon une source proche de la commission, ce rapport traite des élections législatives depuis la convocation du corps électoral, le 12 janvier dernier, jusqu'à l'annonce des résultats officiels par le Conseil constitutionnel, en passant par la campagne électorale et le jour du scrutin. Outre des informations relatives au processus électoral lui-même, tous les recours déposés par les partis politiques en lice y figureront en annexe. Selon la mouture qui devait être soumise hier après-midi aux membres de la commission pour validation, ses rédacteurs n'ont pas été avares en critiques envers le pouvoir, a indiqué notre source. Ainsi, ils ont estimé que “le scrutin du 10 mai a perdu sa crédibilité”. Ce constat est développé tout au long des 70 pages du rapport. Ils ont relevé que “le discours officiel qui prônait la régularité du scrutin s'est confronté à une pratique malveillante qui manipule les voix des électeurs”. Ces pratiques, est-il écrit, “ont dominé le scrutin législatif du 10 mai”. À propos du déroulement du vote et du dépouillement des bulletins, la commission a relevé des faits qu'elle présentait comme des preuves de la non-régularité du scrutin. Pour la Cnisel, même les PV remis aux partis politiques et aux commissions de wilaya “ne sont pas identiques”. Et d'ajouter que des PV ont été signés avant même l'entame de l'opération de dépouillement. Elle a souligné, par ailleurs, que “le fait que le gouvernement a annoncé les résultats avant le début de l'opération de dépouillement dans plusieurs centres de vote serait suspect”. À ces faits “graves”, s'ajoutent, dénonce la commission, les cas liés aux personnes décédées et qui, lors de ce scrutin, sont comptabilisées parmi les votants “dans plusieurs wilayas du pays”. Elle cite aussi des cas de dépassements liés, aussi, “à des électeurs inscrits dans plusieurs centres de vote”. Concernant le taux de participation, la Cnisel a fait remarquer que les taux donnés tout au long de la journée du 10 mai ne sont pas cohérents. Elle cite le taux donné à 10h et qui est de 4%, pour annoncer, deux heures plus tard, un taux de 15%. Plus loin, le rapport évoque la sortie du président Bouteflika à Sétif. D'aucuns estiment que le chef de l'Etat “a donné un feu vert à l'administration pour favoriser le FLN dont il est président d'honneur”. La Cnisel n'en pense pas moins. Elle estime que “la sortie de Bouteflika le 8 mai 2012 à Sétif a prolongé la campagne en faveur du FLN”. Le même rapport souligne que “les résultats obtenus par le FLN sont considérables dans les régions militaires” et de dénoncer, par la même, “le recours abusif aux procurations délivrées aux membres des corps constitués”. Et de rappeler l'épisode de l'inscription en masse de milliers de militaires sur des listes électorales hors délai. Le rapport est revenu, aussi, sur la relation “conflictuelle” entre la Cnisel et les pouvoirs publics. Il souligne, à ce propos, que des membres de la commission n'ont pas pu faire leur travail dans de bonnes conditions. Les rédacteurs du rapport regrettent, par ailleurs, que les autorités “n'aient pas contribué à leur faciliter le travail”. M M