Alors que la confusion semble régner au ministère de l'Education Des profs sont interdits de cours Des décisions contradictoires ont été reçues dans les établissements. Ainsi, malgré les engagements pris par Benbouzid, 5 professeurs d'Alger ont reçu des notifications de suspension. Rien ne va plus, semble-t-il, au ministère de l'éducation nationale. Au moment où la grève dans le secondaire a été gelée par les deux syndicats — le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest)— au grand bonheur des lycéens et la levée des sanctions administratives et judiciaires annoncée pompeusement par le département de Benbouzid, voilà qu'on signifie aux enseignants qu'ils sont suspendus. Hier, cinq professeurs, parmi lesquels M. Redouane Osmane, ont été destinataires d'avis de suspension dont Liberté a reçu des fac-similés, émanant de l'Académie de la wilaya d'Alger. Selon des témoignages, le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger (CLA) a été éconduit et escorté par trois policiers jusqu'au portail du lycée Emir-Abdelkader. Une interpellation que le concerné, lui-même, a confirmée. “Après avoir donné mes deux premiers cours, le proviseur du lycée m'a convoqué dans son bureau pour me faire part de l'avis de suspension, je fus étonné de voir que l'administration a eu recours aux éléments de la sûreté nationale pour m'escorter à l'extérieur du lycée comme un vulgaire délinquant”, raconte M. Redouane Osmane. Ce dernier ne manque pas de s'interroger sur cette volte-face du ministère de l'éducation nationale. “Ce qui se passe au département de Benbouzid est scandaleux. Cet arrêté prouve qu'il y a un sacré conflit entre les responsables du ministère de l'éducation, puisque le ministre lui-même n'arrive pas à mettre en œuvre ses propres décisions par ses subordonnés. Cela démontre, également, qu'un enjeu politique est derrière toutes ces décisions contradictoires et ambiguës. Nous tenons à signaler aux autorités que nos revendications sont apolitiques”, s'indigne-t-il. Un avis partagé par M. Lamdani, délégué du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), au lycée Amara-Rachid de Ben Aknoun et M. Bourahla du lycée Ibn El- Haythem (Ruisseau), eux aussi suspendus. “Après mes quatre heures de cours, on me signale que je suis suspendu à partir d'aujourd'hui jusqu'à ma traduction devant une commission paritaire de l'académie de la wilaya d'Alger. Je ne comprends plus rien, c'est un véritable cauchemar !”, confie M. Bourahla qui ajoute : “Nous avons prouvé notre bonne volonté et notre attachement à nos élèves, en reprenant les cours sans aucune garantie. Cette situation est provoquée par les pouvoirs publics pour intimider les enseignants et les pousser à céder sur toutes les revendications.” Il est vrai que ce changement d'attitude du ministre de l'éducation intrigue plus d'un. Une source crédible nous a même confirmé l'existence d'un malaise au sein du département de l'éducation : “Effectivement, il y a un sérieux conflit au niveau du département de Benbouzid entre les décideurs. Certains sont pour la reprise des cours et d'autres poussent la situation au pourrissement. Durant cette grève, nous étions confrontés à plusieurs décisions contradictoires et aberrantes. Je cite par exemple les avis de radiation puis la levée des sanctions et enfin la décision d'hier qui relance encore une fois les suspensions.” “Ce conflit prouve qu'aucun responsable ne pense à l'intérêt de l'élève”, ajoute notre source. C'est à se demander s'il ne s'agit pas d'une provocation ? En tout état de cause, les enseignants ont décidé de faire d'aujourd'hui — coïncidant avec la date de la déclaration universelle des droits de l'Homme — une journée de protestation, d'autant que les cinq suspendus ainsi que dix-sept autres enseignants vont comparaître au tribunal d'Hussein-Dey. N. A.