Une nouvelle collection mettant à l'honneur le signe, utilisant un matériau résistant et intemporel : le jean. Une mise en forme harmonieuse, fluide. Un trait incisif véhiculant avec une expression de sentiments personnels. Depuis le 1er juin 2012, l'artiste peintre Noureddine Chegrane expose à la galerie d'art Lina à El-Djamila (ex-La Madrague), Alger. Ses œuvres sont encore visibles jusqu'au 10 du mois en cours. Fidèle à son style et à sa thématique, le plasticien, un disciple d'un des maîtres de la peinture algérienne, à savoir Issiakhem, expose une cinquantaine d'œuvres, entre toiles et tentures. Ces dernières sont accrochées dans le jardin de la galerie, alors que les tableaux épousent les murs des différentes pièces, apportant plus d'éclat et de couleur. Fort d'une longue carrière, Noureddine Chegrane n'est plus à présenter ni en Algérie ni à l'étranger. Intitulée “le Signe comme levain”, l'artiste propose un travail plastique qui va dans la continuité de ce qu'il fait depuis de nombreuses années, à savoir le signe, ou “aouchem”. Un mouvement créé durant les années soixante par un groupe d'artistes peintres de renom et de l'époque qui travaillaient sur le signe sous toutes ses formes, et auquel il est resté fidèle. Bien que se peinture ait évolué et se soit développée, en perpétuelles métamorphoses... éclectique, mêlant des esthétiques diverses, cette nouvelle collection présente des tableaux de grand format avec des supports variés, comme le bois, le papier, la toile, le tissu... C'est un foisonnement de figures et formes que le signe met en valeur, accentue. à partir de symboles et des différentes lettres en tifinagh (alphabet berbère), il compose son tableau, lui donne vie. D'ailleurs le titre de cette exposition l'illustre fort bien. Le signe dans son travail suit le même processus qu'une pâte au levain. Il le développe, le façonne à sa manière. Il l'exploite le rend sien, et ce, à partir du mouvement imprimé à l'œuvre. Le trait incisif, il esquisse avec justesse les toiles qui, grâce aux différents symboles, donnent naissance à des œuvres imbriquées par une approche picturale portée par le rythme. Le signe se veut éternel, un prolongement d'une vision, d'un regard. Il dévoile les passions, les sentiments ainsi que les autres interprétations du plasticien, aussi lointaines soient-elles. Le bleu est la couleur qui revient telle une litanie. Présente sur tous les tableaux, elle est le fil conducteur, exprimant la fraîcheur, l'imagination et la paix, même si elle est assez froide. D'autres tons, comme le rouge, le jaune ou le vert avec toutes les nuances, se marient entre eux, avec une harmonie visuelle. Utilisant l'acrylique et la technique mixte (peinture et collage), l'artiste dans cette nouvelle collection utilise le tissu, plus précisément le jean. Un matériau solide, résistant, voire intemporel, qui donne un bel effet une fois peint. Il est customisé, utilisé comme fond de toile. Une sensibilité se dégage de chacune des toiles, développant le goût de l'artiste du beau. Une vision qui prend son essence du signe et du symbole pour aller dans la continuité d'un projet artistique qui n'a point pris une ride, se régénérant, se renouvelant à chaque fois, tel un Phénix renaissant de ses cendres, pour une meilleure visibilité, une meilleure expression. “Le signe comme levain”, exposition de Noureddine Chegrane, jusqu'au 10 juin 2012, à la galerie d'art Lina (El-Djamila, Aïn Bénian).