La plupart des formations politiques, qui ont pris part aux élections législatives, subissent aujourd'hui un choc en retour qui impose des remises en cause. Le vent de contestation qui souffle actuellement sur la scène politique est loin d'être un simple orage d'été. C'est à une véritable guerre de succession à laquelle on assiste depuis quelques semaines, mettant en bataille rangée la base et les directions des partis. La classe politique est plongée dans une forte zone de turbulences. Rares les partis qui ont échappé à cette fièvre de redressement, concept devenu à la mode depuis 2003. Cette guerre de chapelle entre les différents clans s'expliquerait par l'enjeu des futures échéances électorales et politiques du pays dans les prochains mois. Ces crises augurent probablement d'une véritable recomposition “profonde” que la carte politique va subir à l'avenir. Cette contestation pourrait déboucher sur la constitution de grands pôles politiques où des partis se regrouperont par familles idéologiques. En attendant la décantation au sein de la classe et l'émergence des grands pôles politiques, la contestation que connaissent certains partis prend l'allure de guerre de succession pour le changement des responsables. C'est la chasse à l'homme qui est engagée. L'arrivée des nouvelles formations politiques a accéléré et amplifié la contestation au sein des structures des partis dont certains connaissaient une situation de guerre larvée avant la décision d'octroi de nouveaux agréments. Les résultats obtenus par certaines formation ont été, en quelque sorte, le détonateur qui a fait “exploser” la colère des militants allant jusqu'à demander la tenue de congrès extraordinaires pour changer de direction et rectifier la ligne et la stratégie politiques appliquées jusque-là. Bien que la crise au sein de l'ancien parti unique remonte à plus d'une année et demie, il n'en demeure pas moins que la contestation s'est amplifiée à la veille des législatives du 10 mai 2012 pour prendre des proportions graves en dépit des résultats positifs obtenus par le parti en nombre de sièges. C'est dans un contexte extraordinaire qu'interviendra la session ordinaire du comité central du FLN prévue les 14, 15 et 16 juin prochain. Une réunion durant laquelle trois clans se livreront une guerre sans merci pour le contrôle d'un appareil déterminant dans les futures échéances politiques. Les observateurs estiment que c'est durant cette réunion que la crise connaîtrait son épilogue car le régime ne laisserait pas le pourrissement s'installer plus que ce qu'il a duré, car la persistance de la crise au sein du FLN risque d'hypothéquer beaucoup de projets et chantiers d'avenir et fausser tous les calculs et déboucher sur l'éclatement en plein vol de la stabilité du régime lui-même. Cette hypothèse est confortée par le fait que l'autre parti de l'Alliance, seconde béquille du régime, le RND en l'occurrence, se trouve lui aussi secoué par une crise qui n'en est qu'à ses débuts. Même si certains estiment que la contestation qui vise Ahmed Ouyahia directement a été étouffée lors du dernier conseil national, les contestataires ne semblent pas prêts à baisser les bras et abandonner vite la bataille. Comme durant la crise de 2002, intervenue d'ailleurs au lendemain de la débâcle électorale du parti durant les législatives, l'actuel Premier ministre subit la même situation et face à une contestation qui remet en cause sa gestion des affaires du parti. Comme au FLN et dans les autres parties en crise, c'est la succession qui se joue en arrière plan même si les contestataires au sein du parti du Premier ministre se gardent d'avancer l'ambition de remplacer Ouyahia. Comme son ex-partenaire dans l'Alliance présidentielle, le MSP, lui aussi, fait face à une turbulence dont les prémices sont apparues au lendemain des législatives du 10 mai 2012. Depuis, les évènements se sont accélérés pour prendre l'allure d'une crise organique et d'identité. La résolution du madjliss echoura portant la non-intégration du parti dans le nouveau gouvernement a vite fait de réveiller les vieux démons entre les radicaux du parti — traditionnels partisans d'une ligne dure avec le pouvoir — et les “participationnistes”. Les deux clans s'entre-déchirent à l'intérieur des structures en attendant que la crise sorte du cadre organique pour gagner la place publique. La bataille pour l'accaparement de l'appareil s'annonce rude bien que le congrès de succession soit prévu pour 2013, date de la fin du mandat pour l'actuel président du parti, Abou Djerra Soltani, élu au forceps en 2008 à l'issue d'un congrès mouvementé qui avait débouché sur une dissidence importante conduite par Menasra. Le même scénario risque de se reproduire plus tôt que prévu au sein de cette formation au regard des complications et problèmes qui secouent le parti au lendemain des dernières législatives. Par ailleurs, le pouvoir de Moussa Touati à la tête du FNA se trouve aujourd'hui ébranlé par une contestation d'ampleur menée par son exbras droit, devenu député entretemps, à la faveur du scrutin du 10 mai dernier. L'opposition compte organiser un congrès extraordinaire pour déloger Touati et recadrer la ligne du parti, jugée trop dure et carrément versée dans l'opposition radicale. Enfin, il convient de signaler que même le FFS connaît actuellement un début de crise qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Au moment où certains partis vivent des crises organiques et politiques, d'autres baignent dans une stabilité fragile et momentanée. La bataille de l'alternance ne fait que commencer, marquant ainsi la fin d'une époque et d'une génération au sein d'une classe politique rejetée par les citoyens. M.A O