Pas du tout satisfait du travail accompli par la mission d'observation de l'UE lors des législatives du 10 mai, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a envoyé hier aux parlementaires européens un rapport détaillé sur le déroulement du dernier scrutin et les irrégularités qui l'ont émaillé. Le RCD dénonce ainsi l'“observation au rabais” menée par l'équipe d'observateurs conduite par le député espagnol M. Salafranca. “Les élections législatives du 10 mai 2012 viennent de se dérouler dans un climat trouble en Algérie. En acceptant d'y envoyer une mission d'observation et en la maintenant malgré les avertissements et les abus patents qu'elle a constatés, voire subis, l'Union européenne crée un précédent qui pèsera lourdement sur le développement de ses relations avec les forces démocratiques algériennes”, assène d'emblée la direction du RCD. “Pourquoi l'Union européenne s'est-elle impliquée dans un processus vicié d'avance devant lequel les ONG américaines ont pris leur distance ? Pourquoi a-t-elle maintenu sa mission y compris après que les provocations l'eurent ciblée directement ? Pourquoi ses responsables se sont-ils empressés à saluer une élection que les Algériens eux-mêmes dénoncent jusque et y compris dans certains cercles officiels, ce qui est une première en Algérie ?” s'interroge le RCD avant d'inviter les députés européens à en chercher les explications. Dans son rapport, le RCD a d'abord rappelé les conditions ayant précédé les élections puis énuméré les actions qu'il a menées pour sensibiliser les partenaires sur la nécessité d'assurer une surveillance qualifiée et massive des élections législatives avant de procéder à une évaluation des missions d'observation. “Les législatives du 10 mai, initialement destinées à protéger l'Algérie des ruptures politiques, ont ouvert la boîte de Pandore”, relève le RCD avant d'ajouter : “La scène nationale s'est plus que jamais emballée depuis que les révélations sur les différents dépassements se font jour dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale.” Aux yeux du RCD, le scrutin du 10 mai “confirme un blocage national” et “souligne un constat”. Lequel ? “L'Algérie n'est pas sortie de la noria coups d'Etatfraudes électorales- corruption-régression.” Enfonçant le clou, le parti de Mohcine Belabbas estime que la participation de l'UE à l'observation a plutôt aidé le régime de Bouteflika à se donner une nouvelle virginité. “Partie pour apporter une plus-value aux revendications démocratiques algériennes, l'Union européenne, voulant coûte que coûte prendre pied en Algérie, a commis l'erreur qu'elle prétendait éviter : donner de l'oxygène à l'un des systèmes politiques le plus fermé du sud de la Méditerranée”, dénonce-til avant de conclure : “Quelle que soit la teneur de son rapport, son implication obstinée dans l'opération électorale du 10 mai ne contribuera pas à convaincre le citoyen algérien que l'UE a d'autres objectifs que des dividendes économiques attendus des pouvoirs du Sud d'autant plus commodes qu'ils sont illégitimes”. A. C.