Un grand rassemblement des forces démocratiques tel que souhaité par des pans entiers de la société relève-t-il de l'utopie ? Au regard des multiples initiatives séparées des divers acteurs de la mouvance démocratique, qui traduisent en vérité des divergences de fond, et l'incapacité d'une concertation sur un “smig” républicain, la convergence s'annonce laborieuse, pour ne pas dire impossible. Après le projet de refondation du RCD et le mémorandum du FFS, c'est au tour du MDS de proposer sa vision de sortie de crise. Dans un document intitulé “Pour un changement démocratique moderne par la voie de la transition”, la formation d'El-Hachemi Chérif renouvelle ses propositions, avancées déjà il y a quelques années, susceptibles de constituer à ses yeux une véritable alternative démocratique. Partant du constat que la crise multiforme qui frappe le pays est d'abord une crise d'essence de l'Etat, le MDS propose ainsi l'organisation d'une transition qui ne doit pas dépasser 5 ans. Celle-ci doit viser, selon le MDS, la réhabilitation de l'Etat, la refonte de la Constitution, la reformulation de l'identité nationale, la consécration et la garantie des libertés, la refondation de la classe politique sur la base d'une nouvelle Constitution, la refondation des appareils de l'Etat, la réforme de l'armée, la mise en œuvre d'un plan d'urgence pour prendre en charge les besoins de la société, le jugement des auteurs de détournements et de dilapidations des biens de la collectivité, la valorisation du mérite et des compétences, l'engagement des réformes économiques et enfin la préparation du contenu et des modalités de mise en œuvre d'un processus démocratique authentique, avec la tenue d'élections libres et démocratiques à tous les niveaux. Cette transition doit être pilotée par une instance de transition, constituée des forces vives de la nation, issues des divers segments de la société, sans lien ni avec l'islamisme ni avec le système, et dont la composante sera dégagée à l'issue d'une conférence nationale après de larges consultations avec les acteurs qui en acceptent les règles et les principes. Elle pourrait être couronnée, ajoute le MDS, par la mise en place d'un conseil national de refondation démocratique, sorte de Parlement, à qui échoira le rôle de dégager en son sein un Président et un Exécutif. Une fois mises en place, ces directions se chargeront d'initier l'ensemble des tâches liées à la transition. Toute cette démarche qui doit faire l'objet d'un large débat est sujette à référendum. Par ailleurs, comme pour justifier ses divergences avec le FFS et le RCD, le MDS note que “la Constituante comme la décentralisation modulée ne nous paraissent pas pouvoir ouvrir la voie aux changements nécessaires, dans la mesure où elles ne se prononcent pas encore de façon décisive sur la refondation de l'Etat (avec notamment la séparation du politique du religieux et une critique fondamentale du système), de la classe politique et des rapports sociaux. Le débat peut avancer sur ce terrain et favoriser des convergences”. K. K.