Les appels «désespérés» à l'union lancés par les leaders de la mouvance démocratique sont devenus cycliques. Depuis pratiquement plus de 10 ans, on a assisté à des appels répétitifs et sporadiques à l'union des acteurs de ce courant. Des alliances ont même été scellées mais qui n'ont été suivies d'aucun effet sur le terrain, on se souvient du trio Aït Ahmed-Mehri-Hamrouche dont l'initiative n'a duré que le temps d'une déception et d'un échec. Aujourd'hui, les appels de ces derniers deviennent plus intenses et proviennent de toutes les tendances politiques de la société, qu'elles soient démocratiques, laïques ou islamistes. Ainsi, après le boycott de la dernière élection présidentielle certaines entités politiques se sont inquiétées que leur voix ne s'éteigne jusqu'à nouvel ordre. Elles se sont ainsi rendu compte qu'aucune formation ne pourra peser suffisamment individuellement sur l'échiquier et faire de l'ombre aux tenants du pouvoir. Le président du plus vieux parti d'opposition, le Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, a relancé récemment son appel à l'adresse des opposants les invitant à dépasser tous leurs différends pour se consacrer à une union productive et une opposition constructive. Il a lancé cet appel aux parties influentes sur la scène nationale pour se donner la main dans le cadre d'un bloc politique commun. «Il est temps de rallier toutes ensemble les forces démocratiques en formant un bloc qui pourra offrir une alternative aux pratiques politiques», a-t-il suggéré. Le leader historique du premier parti de l'opposition, le FFS, a émis le voeu de voir les forces politiques vives de la nation s'unir et se rapprocher par des actions pour faire face aux menaces pesantes du «déclin démocratique». Cet appel n'a pas laissé de marbre d'autres acteurs de la mouvance démocratique qui ont fait leur preuve dans...les prisons avant de fonder leur propre parti. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a accueilli favorablement cette invitation «C'est une excellente initiative et nous sommes inscrits dans cette voie à qui je souhaite la concrétisation sur le terrain», a indiqué le patron du RCD lors d'une conférence de presse après l'élection présidentielle. Sachant que tout changement dans les conditions actuelles charrie la coopération de toutes les forces vives de la nation, le RCD a relancé lui aussi son appel à l'union avec les autres forces de l'opposition. Ainsi, pour lui, la régression dans laquelle s'enfonce le pays sur le plan politique ne menace pas un parti ou une catégorie de citoyens mais met en danger la cohésion et l'avenir de la nation, d'où la nécessité de l'union. «On est prêts à travailler avec l'ensemble des structures politiques du pays», a-t-il dit. Cependant, ce regroupement doit engager tous ceux et toutes celles qui n'inscrivent pas leur combat dans les compétitions claniques et qui refusent la violence et admettent le principe d'alternance basée sur la volonté populaire. La jeunesse, a-t-il souligné, devra être associée à cette initiative. C'est dans cette même optique que le Mouvement démocratique social et laïque (Mdsl) a renouvelé, le 18 avril dernier, sa proposition de rencontre avec toutes les forces démocratiques pour réfléchir à une alternative. De son côté, Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, a affiché sa prédisposition à rejoindre ce nouveau bloc s'il était fondé. De son point de vue, ce bloc doit même s'étendre pour englober toute l'opposition, abstraction faite des différentes orientations de chacun. Cela étant, il est même urgent que ces personnalités dépassent leurs divergences pour passer à l'action. Il y va de leur existence et de la force de leur engagement. «S'ils veulent vraiment le changement, qu'ils s'unissent et s'ils font dans l'opportunisme comme le font certains, qu'ils le disent et qu'ils nous laissent tranquilles et nous épargnent leurs faux calculs», a commenté un militant épris de changement et de démocratie. Mais la question qui se pose est de savoir qui sera le premier à répondre à l'appel de l'autre? Et c'est là toute la problématique...