Chef de la guerre contre le terrorisme, qui a fait fuir Al-Qaïda vers le Yémen, Nayef Ben Abdel Aziz était un poids lourd du royaume saoudien, dont il fut le ministre de l'Intérieur pendant 37 ans. Le prince héritier d'Arabie Saoudite, Nayef Ben Abdel Aziz, est décédé hier à l'âge de 79 ans à l'étranger, a annoncé la télévision d'Etat, Ekhbaria. Sa disparition, huit mois seulement après sa désignation après le décès de son frère, le prince Sultan, pose avec acuité le problème de la succession dans le royaume wahhabite vu que le roi Abdallah, demi-frère du disparu, est âgé de 88 ans. Sauf surprise, c'est le prince Salmane Ben Abdel Aziz, ministre de la Défense, âgé de 76 ans, qui devrait lui succéder. Il faut croire que la mort de Nayef Ben Abdel Aziz est un événement tant l'homme avait son poids dans la gestion du royaume. Ministre de l'Intérieur pendant 37 ans, il a mené la lutte contre Al-Qaïda qui avait perpétré des attentats sanglants dans le royaume de 2003 à 2006, obligeant ses chefs et membres à s'enfuir au Yémen, toute en démantelant les associations caritatives qui collectaient les dons pour le réseau. Personnage austère, le prince Nayef était considéré comme plus conservateur que le roi Abdallah, un prudent réformateur. Et dans ce domaine de la lutte contre le terrorisme, il sera difficile de lui trouver un remplaçant. Par ailleurs, il s'est également imposé comme un défenseur de la dynastie des Al-Saoud, sévissant contre toute forme d'opposition. Il était connu pour entretenir de bonnes relations avec les milieux religieux tenants de l'orthodoxie et généralement opposés à une évolution du royaume ultraconservateur. Nayef Ben Abdel Aziz, qui était aussi partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Iran, avait toutefois de solides relations dans le monde arabe. Il avait, selon des diplomates, joué un rôle dans la décision du royaume d'accueillir le président tunisien déchu, Zine El Abidine Ben Ali, et d'envoyer des troupes à Bahreïn pour aider à la répression de la contestation animée par des chiites. Né à Taëf en 1933, il avait été nommé gouverneur de Riyad à 20 ans, avant de devenir vice-ministre de l'Intérieur en 1970 puis ministre de l'Intérieur en 1975. Ceci étant, le vieillissement des premiers princes de la dynastie qui dirige une puissance pétrolière de premier plan située au cœur d'une région en pleine mutation politique ne laisse pas les grandes capitales mondiales de marbre. En effet, l'Arabie Saoudite, qui est un poids lourd de la région, même si c'est le Qatar qui est sous les feux de la rampe ces dernières années, fait l'objet d'un intérêt particulier en raison de ses immenses réserves en pétrole et son importance dans les marchés pétroliers. Selon la télévision, il sera inhumé aujourd'hui en Arabie Saoudite, après une prière pour son âme, en début de soirée, dans la grande mosquée de La Mecque, ville sainte de l'ouest de l'Arabie Saoudite. Le prince héritier s'était rendu le 26 mai à l'étranger pour y subir, selon les médias saoudiens, des examens médicaux pour la deuxième fois en moins de trois mois. Selon des spécialistes du royaume, il souffrait d'un cancer. Avant même son départ pour l'étranger, la télévision saoudienne montrait le prince Nayef la plupart du temps assis et les traits fatigués. M T