Tous les derniers sondages le disent : le PS et ses alliés radicaux de gauche pourraient obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale à l'issue du second tour des élections législatives, dimanche, une condition pour permettre au président François Hollande de mettre en œuvre son programme de changement censé extirper la France de la sarkozie. La droite aura raté son but d'arracher une cohabitation pour limiter l'influence de la gauche qui n'aura jamais eu autant de pouvoirs grâce à la conquête du Sénat acquise pour la première fois il y a quelques mois. Selon une enquête Ipsos-Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France et le Monde, la gauche dans son ensemble obtiendrait 324 à 364 sièges à l'Assemblée nationale, pour une majorité absolue à 289. Le PS (284 à 313 sièges), les radicaux de gauche du PRG (11 à 13) et le Mouvement républicain et citoyen (3 à 5) auraient à eux seuls la majorité absolue. Avec 14 à 20 sièges, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pourrait atteindre le seuil de 15 élus nécessaire pour obtenir un groupe à l'Assemblée. Cette hypothèse s'éloigne en revanche pour le Front de gauche (12 à 13 élus). La droite pourrait quant à elle enregistrer son plus mauvais score aux législatives depuis 30 ans. Le groupe UMP-divers droite totaliserait de 192 à 226 députés, le Nouveau Centre entre 14 et 18, le Parti Radical valoisien de 4 à 6, pour un total de 210 et 250 élus. Enfin, le Front national n'est pas assuré de faire son entrée à l'Assemblée nationale (il n'est crédité que de 0 à 3 sièges), tandis que le Modem de François Bayrou pourrait avoir un à 3 élus, notamment outre-mer. Selon un sondage Harris Interactive pour la chaîne LCP-Assemblée nationale, le Parti socialiste et ses alliés obtiendraient 287 à 325 sièges, soit à deux sièges de la majorité absolue dans le pire des cas. Europe Ecologie-Les Verts pourrait compter sur 11 à 17 sièges et le Front de gauche 8 à 10. L'UMP et ses alliés obtiendraient 202 à 263 sièges, le Front national 0 à 3 et le MoDem 0 à 2. Une large majorité (59%) des personnes interrogées souhaite que François Hollande dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale. En revanche, une majorité de Français ne souhaitent pas voir Marine Le Pen élue députée (56% contre 44%). De même, 60% contre 39% ne souhaitent pas voir Ségolène Royal élue à La Rochelle, où elle est confrontée à un dissident socialiste. Plus que la victoire anticipée, cette entre deux tours aura été marquée par la situation de Ségolène Royal et le flirt poussé de l'UMP avec l'extrême droite. La candidate socialiste à la présidentielle de 2007, qui brigue la présidence de l'Assemblée nationale, est donnée perdante face à un dissident socialiste qui a maintenu sa candidature et qui va bénéficier du soutien de la droite. L'affaire a viré au psychodrame quand la compagne du chef de l'Etat, prenant le contrepied de celui-ci, a offert son soutien au dissident. La “first girl friend” comme l'appelle la presse américaine a sérieusement terni l'image de “président normal” voulue par François Hollande qui s'emploie à se distinguer son prédécesseur. Or, la prise de position de sa compagne a rappelé les pires heures du sarkozysme avec son mélange de vie publique et vie privée. C'est d'ailleurs cela qui a valu sa défaite plus que son projet. Autre sujet de l'entre deux tours : le pilonnage par l'UMP du cordon sanitaire dressé par la droite gaullienne pour se protéger de l'extrême droite. Des figures de l'UMP assument désormais un socle de valeurs communes avec le Front national. Une dernière illustration en a été donnée par une aboyeuse de la sarkozie, l'ancienne ministre Nadine Morano, en difficulté dans sa circonscription. Piégée par un humoriste se faisant passer pour Louis Aliot, le numéro deux du Front national, elle a reconnu “beaucoup de talent à Marine Le Pen” et provoqué un tollé, y compris dans son propre camp. L'ancien Premier ministre François Fillon a estimé vendredi sur son compte Twitter que “Nadine Morano aurait dû raccrocher tout de suite car on ne parle pas aux dirigeants du FN”. L'intéressée a répliqué sèchement à François Fillon sur Twitter : “François Fillon devrait dénoncer le délit pénal d'un Dahan militant socialiste pour le reste je suis une responsable politique libre.” Le Premier ministre socialiste, Jean-Marc Ayrault, a pour sa part condamné plus largement “les discours de Tartuffe et d'hypocrites” de l'UMP à l'égard du Front national, à deux jours du second tour des législatives. Le canular diffusé vendredi sur l'antenne de Sud Radio intervient au moment où les appels du pied de Nadine Morano – en ballottage difficile dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle – en direction des électeurs du FN font polémique. Marine Le Pen estime que le “mur anti-FN” a implosé à la veille du second tour des législatives et les socialistes dénoncent le jeu trouble, selon eux, de l'UMP avec l'extrême droite. A O