Un réseau spécialisé dans la construction de baraques s'est constitué à Berrahal et propose à qui veut des “lots" à des prix oscillant entre 100 et 200 millions de centimes, en fonction du relief du terrain et de sa position par rapport aux localités qui l'avoisinent. À Berrahal, une région qui a connu pourtant un développement tous azimuts et qui est surtout appelée, aujourd'hui, à jouer également le rôle de nouveau pôle d'attraction avec le Grand Annaba, beaucoup de choses allant à contresens des lois les plus élémentaires se passent. Le laxisme des responsables locaux et l'effronterie des contrevenants font que l'on assiste aujourd'hui impuissants à des comportements qui étaient jugés inadmissibles, voire inimaginables dans un passé récent. Sinon comment expliquer que la Duch, censée protéger les biens publics, ne fait pas respecter la réglementation en vigueur en matière d'urbanisme justement, ouvrant la voie à la construction illicite. Un phénomène qui s'est propagé de manière exponentielle dans cette ville. Se croyant tout permis, l'on construit sans autorisation une habitation en plein centre de l'ex-Aïn Mokra. Un dépassement que les élus, au même titre que la police de l'urbanisme, feignent de ne pas voir, évitant carrément de faire face à cette personne que l'on dit pleine aux as et profitant “d'excellentes relations." D'ailleurs, la décision prise par la daïra de dépêcher une équipe pour la démolition des amorces de poteaux, réalisés au beau milieu de la chaussée du lotissement des 10-Lots au cœur de Berrahal, est vite remise en cause. Les raisons : tout le monde a peur d'exécuter cette mission. Ainsi, la commune de Berrahal, qui se targuait il y a quelques mois seulement d'être la seule de la région à s'être débarrassée totalement des bidonvilles, n'aura pas échappé ces derniers mois au phénomène tout aussi embarrassant de la construction illicite. L'anarchie ambiante et la déliquescence des institutions de l'Etat ont fait que des terres – tous statuts confondus – soient livrées à un véritable “pillage". L'absence de la force publique et l'impunité qui a caractérisé cette affaire ont fait que la daïra fait actuellement l'objet d'un trafic du foncier. Certains parlent d'une véritable “ruée" sur les poches constructibles avec et sans l'aval des responsables locaux. Depuis, la situation s'est sérieusement dégradée et serait devenue incontrôlable, assure-t-on. “Le nombre de constructions illicites érigées notamment au niveau de la cité Palmier, Sidi Ali, Kalitoussa ou au quartier Tacha dépasse de loin celui réalisé durant la décennie noire", estiment des riverains. Pour juger de la gravité de la question, une simple virée aux quartiers cités est plus qu'édifiante. Le visiteur ne peut être qu'impressionné par le nombre de bâtisses réalisées sur des terres forestières avec piliers et dalles en béton, sans aucune autorisation de construction. Même aujourd'hui, le trafic du foncier attire les gens tels des charognards autour d'une proie. Une situation où les “kachara", les entrepreneurs en bâtiment et surtout les “clients" qui débarquent des différentes wilayas limitrophes, notamment de Skikda et Souk Ahras, trouvent leur compte. Mieux encore, un véritable réseau spécialisé dans la construction de baraques s'est constitué à Berrahal et propose à qui veut des “lots" à des prix oscillant entre 100 et 200 millions de centimes, en fonction du relief du terrain et de sa position par rapport aux localités qui l'avoisinent. Ainsi, les dépassements de la réglementation régissant les terres tous types confondus, voire les zones protégées et classées Ram-Sar à Berrahal, semblent être ancrés dans les mœurs de certains individus. B. B