Le développement du système de santé, depuis l'Indépendance, a été sujet à débat lors d'une journée parlementaire, organisée hier au Conseil de la nation. La situation a été résumée en quelques mots par le Pr Louisa Chachoua, présidente de la commission santé de la deuxième Chambre parlementaire. “En 50 ans, l'Etat a réalisé beaucoup de projets et a consenti de gros efforts financiers pour faire progresser la santé. Des insuffisances subsistent pourtant", a-t-elle affirmé, en soulignant que l'objectif de cette journée est d'interpeller les responsables du secteur. L'actuel ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, ainsi que quelques-uns de ses prédécesseurs (Pr Aberkane, Amar Tou, Amara Benyounes...) ont suivi de bout en bout le déroulement du film sur l'évolution du système de santé. Il est vrai qu'en matière d'effectifs et de structures sanitaires le pays a fait un bond gigantesque en un demi-siècle. En 1962, l'Algérie ne comptait que 500 médecins, dont la moitié était des étrangers. En termes de ratio, l'on dénombrait un praticien pour 25 643 habitants. En 2012, plus de 60 000 médecins sont recensés, soit un pour 588 habitants (un spécialiste pour 1 500 habitants, un médecin généraliste pour 900 habitants et un paramédical pour 280 habitants). “Nous sommes dans les normes internationales. Mais il existe des inégalités entre le Nord et le Sud", a soutenu le Pr Chachoua. Il a été relevé, notamment, les difficultés d'accès aux soins. La conférencière a attesté que 35% des cancéreux ne parviennent pas à obtenir un traitement, particulièrement en radiothérapie. Il est, par ailleurs, impossible de suivre l'évolution de 35% des cas, car ils disparaissent dans la nature. Le Pr Chachoua a regretté, en outre, l'obsolescence de la législature sur la transplantation d'organes, qui freine le développement de la pratique. Une centaine de greffes rénales est réalisée chaque année, alors que plus de 13 000 insuffisants rénaux chroniques sont en attente d'une transplantation. Il en est de même pour la greffe de cornée, qui n'atteint que 3% des patients qui en ont besoin. “La transplantation d'organes est un échec", a asséné la présidente de la commission santé du Sénat, qui a plaidé pour la révision de la loi sanitaire, l'installation de l'agence nationale de greffe ainsi que de l'agence nationale du médicament et la mise en œuvre du plan cancer. Le Pr Mansousi, directeur par intérim de l'Institut Pasteur d'Algérie et directeur général du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, a focalisé sur les mécanismes mis en place pour le contrôle des médicaments et la lutte contre la contrefaçon. Il a parlé aussi de l'assistance de l'OMS pour l'élaboration de la pharmacopée algérienne. Abdelkader Hellali, directeur général du Centre national de pharmacovigilance et matériovigilance a regretté l'absence de schéma directeur de développement pharmaceutique. “Les ministres se contentent de déclarations d'intention", a-t-il commenté. Boudjemâa Mansouri, chef du Centre national d'imagerie médicale, a déclaré que le système de santé a besoin d'une loi sanitaire nouvelle et moderne qui l'instrumente. Celle en vigueur date de 1985. S H.