Entre 2500 et 3000 déclarations ont été enregistrées au Centre national de pharmacovigilance et matériovigilance en 2011. Des enquêtes ont été menées sur 40 cas graves l Les professionnels de la santé exhortés à faire des déclarations. La sécurité de l'emploi des médicaments et l'importance de faire remonter l'information pour des cas d'effets secondaires graves au centre de pharmacovigilance et de matériovigilance (CNPM) est le thème d'une rencontre débat organisée jeudi dernier par le laboratoire Roche avec les pharmaciens hospitaliers, lesquels semblent loin de tout ce système obligatoire de déclaration et notification. «Nous ne pouvons pas déclarer des cas d'effets secondaires si les cliniciens ne les signalent pas», ont tenu à signaler les pharmaciens hospitaliers. «D'ailleurs, nous nous interrogeons sur le silence des cliniciens au sujet de certains produits, qui, pourtant, ont des effets secondaires et ont été signalés ailleurs dans le monde. Même les fournisseurs se sont étonnés de cette absence de déclaration», a fait remarquer Mme Nebchi, pharmacienne au centre Pierre et Marie Curie. Le centre de pharmacovigilance et de matériovigilance compte beaucoup sur les professionnels de la santé qui doivent obligatoirement faire remonter l'information afin de mieux assurer l'évaluation, la surveillance et enfin déclencher l'alerte, a expliqué la directrice adjointe du centre, le Pr Loumi. Elle a déclaré que, pour l'année 2011, entre 2500 et 3000 déclarations ont été enregistrées au niveau du centre, mais cela reste encore insuffisant. Parmi ces notifications, il y a eu une quarantaine de cas graves pour les produits pharmaceutiques et une cinquantaine pour la matériovigilance. «Toutes les classes thérapeutiques sont concernées ; des anti-inflammatoires aux produits anesthésiants en passant par des pommades», a-t-elle indiqué. Une équipe très réduite travaille au CNPM, unique centre au niveau national, a tenu à préciser le Pr Loumi qui a rendu hommage à cette jeune équipe qui travaille sans relâche. «Nous ne sommes pas nombreux. Nous avons des coordinateurs au niveau national qui sont d'une grande efficacité dans la réalisation de nos enquêtes, et nous tentons à faire le maximum pour assurer une meilleure sécurité dans l'utilisation des produits», a-t-elle ajouté en plaidant pour la création de centres régionaux, surtout que la plupart des médicaments sont importés et la pharmacovigilance est d'une grande importance, a souligné M. Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacologie. Il estime qu'il est important d'avoir des centres régionaux et des représentants au niveau des hôpitaux pour une meilleure collecte d'informations, comme il serait aussi intéressant de permettre aux associations de patients et aux patients de faire remonter l'information. M. Benhamdine relève qu'il est aussi intéressant de savoir combien de notifications ont été faites par les médecins privés. Il regrette, par ailleurs, la lenteur dans le traitement de l'information par le CNPM et le manque d'informations sur le suivi. La directrice du département pharmacovigilance Roche France, Dr Catherine Dubois, est revenue sur l'importance de la mise en place des plans de gestion des risques. Elle a expliqué que les pharmaciens d'officine ainsi que les hospitaliers rapportent l'information. Ils jouent un grand rôle dans les déclarations à travers les 31 centres régionaux, a-t-elle indiqué avant de préciser que l'industrie pharmaceutique communique également ses notifications à l'AFSSAPS, Agence française de sécurité sanitaire des produits pharmaceutique, principale tutelle du Centre national de pharmacovigilance. Elle a souligné que 6782 cas ont été signalés au cours de l'année 2011, avant de préciser que des effets secondaires des médicaments, comme l'Avastin et le Mabthera, utilisés respectivement dans le cancer digestif et la polyarthrite rhumatoïde, ont été signalés. Pour le Dr Makhlouf du département pharmacovigilance Roche Algérie, cette rencontre permettra de faire connaître le CNPM et créer le lien entre le centre, les laboratoires pharmaceutiques et les professionnels de la santé, ce qui permettra de faire remonter l'information et d'identifier ce qui est inattendu avec les produits pharmaceutiques afin d'évaluer s'il y a risque et réfléchir aux actions à entreprendre, nous a-t-il confié. Il faut signaler que la balance bénéfice/risque doit être maintenue, et c'est aux laboratoires et au centre de pharmacovigilance de veiller à la minimisation du risque. «Les pharmaciens hospitaliers ont un grand rôle dans cette mission de transmettre l'information en informant les laboratoires et le CNMP», a-t-il précisé, et de signaler que le développement du système de pharmacovigilance par certains laboratoires a donné des résultats, d'où la collaboration avec le CNMP.