En conférence des cadres, hier, le P-DG de la compagnie nationale a annoncé son ambition d'être leader sur le marché international avec 54% des parts. Secouée par des crises et des menaces de grève récurrentes, la compagnie aérienne nationale entend, tout de même, rester dans la course et entreprendre un lifting en se lançant dans un nouveau plan de développement quinquennal. Celui-ci s'annonce à coup de 60 milliards de dinars et s'incline en dix axes majeurs. En conférence de presse en marge de la réunion annuelle des cadres qui s'est tenue, hier, au Cercle de l'armée de Béni-Messous, M. Boultif, P-DG de la compagnie, s'est longuement attardé sur ce canevas approuvé par le conseil d'administration et qui sera incessamment présenté en assemblée générale. Un carnet de bord des plus détaillé qui a pratiquement touché tous les segments, y compris la communication qui fait grand défaut à la compagnie. Le premier responsable d'Air Algérie parle de changement en profondeur et commence par évoquer l'ambition d'être leader sur le marché en atteignant 54% des parts de marché avec un point de gagné chaque année. “Cette performance ne doit pas s'appliquer uniquement sur le réseau domestique sur lequel nous avons le monopole. Nous voulons, également et surtout être leaders sur le réseau international", insistera M. Boultif, soulignant des mesures prises pour réaliser cet objectif. “Nous comptons sur deux facteurs déterminants qui sont la qualité de la prestation et les tarifs", dira-t-il, observant la constance du marché algérien et qui fait toute son originalité. Mais cela signifie aussi une attractivité des compagnies étrangères les plus puissantes impliquant une concurrence des plus rudes. Face à cette réalité, Air Algérie n'a le choix que de se moderniser ou disparaître et son statut de compagnie publique ne lui conférera pas éternellement l'avantage. Les responsables de la compagnie l'ont bien compris et pensent déjà à intégrer une alliance pour répondre aux standards internationaux. La compagnie, selon M. Boultif, posera sa candidature auprès d'One World, SkyTeam et Star Alliance. Un énorme travail doit être fait préalablement pour pouvoir gagner ses galons et jouer dans la cour des grands. En attendant, la compagnie compte s'améliorer sensiblement à travers l'optimisation des lignes et la densification de certaines d'entre elles, comme c'est le cas sur Casablanca, Amman ou encore sur Montréal (de 4 à 5 vols) et, pourquoi pas, opérer avec des quotidiens dans un avenir proche. Air Algérie prévoit également de créer de nouvelles lignes sur l'Europe et le Moyen-Orient sur lequel la compagnie nationale subit une grande concurrence de la part de la Turkish Airlines et Qatar Airways qui sont très forts sur le trafic dit de sixième liberté. À ce propos, Air Algérie développe aussi une vision notamment en direction de l'Afrique via un projet mené en collaboration avec l'aéroport d'Alger. La compagnie compte, par ailleurs, investir sur un nouveau système d'information en s'appuyant sur les nouvelles technologies et optimiser les coûts d'exploitation. Air Algérie, qui attend encore et toujours la réalisation de son nouveau siège, prévoit aussi un centre de formation. À ce propos, M. Boultif rappellera que la session interrompue des PNC pour des irrégularités a repris son cours et serait en voie de finalisation. Il précisera, cependant, que la compagnie gèle momentanément tout autre recrutement (sauf pour la partie production) et ne remplacera pas les départs en retraite. Au chapitre flotte, l'on prévoit le renouvellement de trois avions de type B767 acquis depuis 1990 et l'acquisition de cinq nouveaux. D'autres paramètres viennent se greffer à ce nouveau plan de développement et concernent la partie structurelle, notamment avec l'optimisation des compétences et l'harmonisation des activités des pôles. Air Algérie compte aussi recourir aux services de Lufthansa en guise de Coaching Major et l'adopter comme référence. Le seul point qui vient obscurcir le ciel de la compagnie réside dans cette menace que le personnel lance encore une fois, surtout à la veille de la célébration du 50e anniversaire de l'Indépendance. “Nous sommes toujours ouverts au dialogue avec le partenaire social, entre syndicat UGTA, syndicat autonome, représentant tous les corps de métier de la compagnie, et ce, dans l'intérêt de tous", dira M. Boultif, avant d'insister : “Je suis à l'écoute de tous et sensible à toutes les doléances, mais la compagnie ne peut donner que ce qu'elle peut. Que chacun prenne ses responsabilités." N S