Les pertes engendrées par ce débrayage sont estimées par le P-DG, Mohamed-Salah Boultif, à 31,7 millions de DA, soit 5,2 millions de dollars. Le chiffre avancé ne concerne que le réseau international d'autant plus que le déficit enregistré sur les vols domestiques n'a pas été encore évalué. Le patron de la compagnie a précisé que 20 800 passagers sur les 34 000 qui devaient voyager sur Air Algérie n'ont pas été transportés durant les quatre jours. Pour l'amélioration des conditions socioprofessionnelles, un des trois principaux points revendiqués par le PNC, Air Algérie vient de décider l'édification d'un nouveau bloc opérations et la création d'une direction autonome dédiée à ce personnel. C'est ce qu'a annoncé hier le P-DG, M. Mohamed-Salah Boultif, sur les ondes de la radio Chaîne III. Quant à l'augmentation de 106% de leurs salaires pour les aligner sur ceux des pilotes et copilotes, le patron de la compagnie aérienne nationale a réitéré les 20% précédemment proposés. “Nous ne pouvons pas traiter de manière corporatiste. Nous avons estimé que si nous acceptons la revendication du PNC, ce sont tous les corps qui exigeront des augmentations de même type”, a expliqué le P-DG. Il a précisé que la direction a opté, suivant les possibilités financières de l'entreprise, pour une offre “harmonieuse et homogène de 20% pour l'ensemble des travailleurs”. Néanmoins, le premier responsable d'Air Algérie n'écarte pas l'idée de faire des concessions au cours des discussions. “Dans toute négociation, il y a toujours des compromis”, a-t-il reconnu. Pour lui, l'entreprise dispose d'une marge de manœuvre mais qu'elle est limitée par des lignes rouges à ne pas dépasser. M. Boultif a espéré toutefois trouver un terrain d'entente avec le PNC. “En tenant compte de l'intérêt des travailleurs, les deux parties pourront trouver un compromis”, a-t-il assuré. Par ailleurs, bien que le volet des licenciements opérés par Air Algérie contre les 150 grévistes ne figure pas sur la feuille de route, il devrait être abordé au cours des discussions. Plus rassurant, Mohamed-Salah Boultif a relevé que “nous avons exigé une reprise du travail pour lever les sanctions. C'est ce qui a été fait”. La grande confusion et la cacophonie causées par ce mouvement de protestation au sein des aéroports a poussé la compagnie nationale à affréter des appareils ainsi que du personnel auprès de ses homologues étrangères afin d'assurer le transport de ses voyageurs. Ces avions seront, selon le P-DG, maintenus durant cette période estivale. Des vols supplémentaires de rattrapage ont été également programmés et tous les passages ont été transportés, a-t-il indiqué. Cet affrètement dépêché “en situation critique” a concerné, selon M. Boultif, 7 avions dont deux de Tassili, deux d'une compagnie italienne et un autre appareil d'une entreprise turque. Le coût total de cet affrètement, faut-il le souligner, n'est pas encore établi. En dépit de ces pertes, M. Boultif a avoué que les conditions financières de l'entreprise “ne sont pas pas extraordinaires mais ne sont pas catastrophiques non plus”. Ce qui inquiète la compagnie est, a-t-il souligné, cette baisse du trafic sur le réseau domestique provoquée par le transport autoroutier et le chemin de fer. Le P-DG parle d'une régression de 20% sur le trafic domestique en 2010 en comparaison à l'exercice de 2009. En revanche, il a affirmé une stagnation à l'international due à l'équilibre préconisé par les accords aériens entre états. “Or, il y a quelques années, les accords aériens nous étaient plutôt favorables”, a précisé le patron d'Air Algérie, citant ceux établis avec la France et/ou l'Arabie Saoudite... D'où les pertes de marché subies par Air Algérie, causées par la rude concurrence sur le réseau international. Pour récupérer le terrain perdu, la compagnie doit assurer, a-t-il noté, une bonne qualité de service dont les deux fondements essentiels sont la ponctualité et la régularité. La compagnie ira également à la conquête de nouveaux marchés à l'international et compte développer son fret dont la flotte reste encore absente et le charter puisqu'une demande est exprimée pour cette activité notamment à l'export. à noter que le chiffre d'affaires (CA) d'Air Algérie en 2010 a été de 55 milliards de dinars, en baisse par rapport à 2009 où la compagnie a réalisé un CA de 58 milliards de dinars. Sa flotte est composée de 42 aéronefs, d'une moyenne d'âge de 13 ans. Mis à part les trois Boeing 767 acquis en 1990, soit 21 ans et l'Hercule qui a plus de 30 ans, la moyenne d'âge des autres avions est de 7 ans. Sur un autre registre, M. Boultif a annoncé une étude des prix sur les vols domestiques notamment ceux à destination du sud et de l'extrême-sud du pays.