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Après le prétexte de l'éventail
La colonisation française débute avec le pillage du Trésor d'Alger
Publié dans Liberté le 05 - 07 - 2012

La petite histoire. C'était pour venger le “coup d'éventail" donné par le Dey d'Alger au consul de France, que la France mit pied à Alger, le 5 juillet 1830. La vraie histoire, qui n'est toujours pas enseignée dans cette France de “la vérité historique" : la conquête de l'Algérie avait été menée dans le but de faire main basse sur les immenses trésors de la Régence d'Alger afin de constituer les fonds secrets de Charles X pour, dans l'immédiat, corrompre et retourner son corps électoral, et, à moyen terme, pour relancer l'économie française à plate couture.
Après Sidi Fredj, cap sur La Casbah, “Dar el-mal", le Trésor public où étaient entassées des pièces d'or et des tonnes de monnaies étrangères dont les boudjous d'Alger. Un butin chiffré à plus de 500 millions de francs de l'époque, l'équivalent de 5 milliards d'euros. Le casse a été bien gardé, car il s'agissait bien d'un pillage réparti entre les dirigeants français, leur classe politique, les banquiers, des industriels et des généraux dont le maréchal de Bourmont, le maître d'œuvre du pillage.
L'auteur français Pierre Péan a traqué pas à pas, dans son ouvrage Main basse sur Alger (enquête sur un pillage, juillet 1930, Chihab éditions, 2005), le gigantesque hold-up que la France officielle se refuse toujours à reconnaître. L'invasion de l'Algérie avait été décidée d'abord pour des raisons purement financières : accaparer le Trésor des Algériens.
Ensuite, l'appétit venant en mangeant, la France procéda au dépeçage de notre pays pour l'occuper de bout en bout, ce qui exigea d'autres pillages. Ceux-là d'ordre patrimoniaux et mêmes les biens immatériels n'ont pas échappé à la rapine. Et pour supplanter les Algériens dans leurs propriétés, lieux de vie et de travail, il fallait s'en débarrasser ! Un génocide que nous évoquerons plus bas.
Les Héraults de la colonisation ont expliqué que leur pays a débarqué chez nous pour venger le consul de France, Pierre Deval, souffleté par le Dey d'Alger, Hussein Pacha, le 30 avril 1927, avec son éventail. La grosse ficelle n'a pas de prises, y compris en France où la bataille fait rage pour le pouvoir. Et c'est alors que germa dans ces milieux la fumeuse théorie de la prise d'Alger pour défendre la Chrétienté des pirates barbaresques ! Un argument destiné au peuple français qui n'était plus en accord avec des équipées à l'étranger mais surtout aux pays européens et aux Etats unis qui cherchaient à établir des relations avec l'Algérie.
En réalité, ces explications n'étaient qu'écrans de fumée. La France s'était livré à un pillage éhonté pour une nation qui se targuait déjà d'être irréprochable, ne serait-ce que parce que son pays fut celui du siècle des Lumières et celui où renaquit l'humanisme.
Tout a donc été fait pour que ce scandale fût étouffé durant un siècle et demi. Ce n'est que cette décennie que l'affaire est portée sur la scène publique. Après de longues enquêtes, des historiens ont retrouvé les traces très embrouillées de l'or découvert dans les caves de La Casbah où était installée “Dar el-mal".
Toutes les puissances de l'époque savaient que les caveaux de la Régence d'Alger regorgeaient de trésors immenses, mais personne personne n'avait osé imaginer passer sur les corps des Algérois pour se servir. L'Angleterre, puissance du moment, très opposée à la conquête d'Alger, n'a pas manqué de le faire savoir mais l'Algérie n'était pas dans ses propres desseins et à Londres on espérait que le vieux rival français se ferait tondre par son aventure chez les maîtres de la Course en Méditerranée. Et puis, le temps de la barbarie était, semble-t-il, passé. Mais pas chez les Français, qui se sont révélé pilleurs, comme au Moyen Âge et durant l'antiquité.
Charles X, le roi de France, paralysé par son opposition, avait besoin de fonds pour corrompre son establishment, une tactique aussi vieille que le monde. Ses conseillers proches de milieux d'affaires lui ont alors vendu l'idée du “casse de La Casbah".
Une idée suggérée par des commerçants juifs qui avaient pignon sur rue à Alger et auprès du beylicat. Ces commerçants étaient comme des poissons dans les eaux algériennes où cohabitaient d'importantes communautés juives avec les autochtones musulmans. Les juifs Joseph Cohen Bacri et Michel Busnach avaient collecté toutes les informations sur le trésor de la Régence et sa valeur. Parmi les généraux de l'expédition, le maréchal de Bourmont sera mis au parfum. Il est nommément chargé de rapatrier, “dans la discrétion la plus absolue", l'or de l'Algérie. Une certaine duchesse du Berry est mise dans la confidence, ce qui montrait, sil en était besoin, que dans la France moraliste, politique et alcôves vont souvent de pair. La manne fabuleuse algérienne n'a pas atterri dans les seules caisses de l'Etat français. Le roi Louis-Philippe 1er qui a remplacé Charles X va être copieusement servi. Des banquiers et des industriels, comme les Seillière, dont le dernier a occupé la place de patron des patrons au sein du Medef, et les Schneider, cette lignée de richissimes avant la bourgeoisie bling-bling des temps modernes, ont également profité de l'argent des Algériens. Le développement de la sidérurgie française doit ainsi beaucoup à l'or d'Alger avant que le groupe indien Mittal ne la mette en coupe serrée, ces dernières années.
En 1954, lorsque le peuple algérien se décida à bouter hors de ses frontières l'intrus français, le professeur Marcel Emerit, professeur à la faculté de lettres d'Alger, estimait que le Trésor d'Alger avait été la motivation centrale de la prise d'Alger, remettant ainsi en cause l'histoire communément admise sur l'origine de cette expédition, à savoir la vengeance de l'insulte à la France, commise par le Dey d'Alger et la volonté de mettre fin à la piraterie des raïs.
Marcel Emerit avait notamment découvert un rapport de la police française de 1852, qui, à partir des découvertes de la commission d'enquête gouvernementale sur l'or de la Régence, affirmait que “des sommes très importantes avaient été détournées et qu'une grande partie de ces spoliations avaient abouti dans les caisses privées de Louis-Philippe". La thèse du hold-up financier fera rebondir un autre célèbre historien français Charles-André Julien qui étaya et développa la thèse dix ans plus tard, mais la France officielle qui réinventa la censure puis la torture, était parvenue à tarir chez ce professeur ami de l'Algérie indépendante, toute chance d'être écouté. En 1985, l'écrivain algérien Amar Hamdani, reprit à son tour les thèses des deux professeurs français. Voici le compte des richesses et les trésors ainsi volés. L'or dans les palais de La Casbah où étaient entassées des richesses évaluées en francs de 1830 à au moins 500 millions, soit quelque 2O milliards de francs 2001, selon une estimation minimale de Pierre-François Pinaud, historien spécialisé dans l'histoire des finances du XIXe siècle. Soit environ cinq milliards d'euros nets sans intérêts et pas rapportés à la valeur réelle de l'époque du vol.
En gros, 62 tonnes d'or et 240 tonnes d'argent furent transportés vers la France. Il n'a pas été tenu compte des lingots, des bijoux, des pierres précieuses et des diamants que se sont partagés les oligarques militaires et dont une partie a été remise directement entre les mains du roi Louis Philippe. À ce faramineux pactole, il faut ajouter le million de pièces d'or prêté par le Dey d'Alger aux autorités françaises au temps des Conventionnels pour casser le blocus de l'Angleterre contre la Révolution française. Et, on peut écrire, en toute modestie, que l'Algérie a participé à la victoire de cette Révolution dont la France s'enorgueillit jusqu'à nos jours. Le prêt du Dey a permis aux sans-culottes de faire tomber la royauté et d'inaugurer le processus de République démocratique avec sa séparation des pouvoirs, la séparation du politique du religieux et l'avènement des droits de l'homme. Pour le hold-up, il revint au Maréchal de Bourmont d'organiser l'opération de diversion dans La Casbah. Tandis que la résistance algérienne naissante autour de cavaliers venus notamment de Kabylie, tentait de reprendre ses marques après la chute du dernier rempart, Fort l'Empereur, au bas d'El-Biar, dernière ligne droite avant cette citadelle de La Casbah jusqu'ici imprenable, le Maréchal, qui a bénéficié de complicités achetées auparavant par nos deux commerçants juifs, met le feu à La Casbah.
Des juifs, ils étaient nombreux comme commerçants notamment au pied de La Casbah, sur l'esplanade qui menait au port, à peu près l'actuelle rue de la Lyre et ses ruelles adjacentes, et quelques nervis arabes ont commencé à piller des échoppes, des fondouks et mêmes des maisons. Il fallait créer un climat d'insécurité extrême d'autant que le Dey venait de signer sa reddition. La France inventa pour son hold-up la guerre psychologique. Un colonel français, spécialiste de manipulations et autres barbouzeries, le colonel de Clermont-Tonnerre, excellent arabisant, a préparé une lettre à l'attention des Algériens : “Nous, les Français, vos amis, partons pour Alger. Nous allons en chasser les Turcs, vos tyrans...Nous ne conquérons pas la ville pour en devenir les maîtres.
Nous le jurons par notre sang... Soyez unis à nous, soyez dignes de notre protection et vous régnerez comme autrefois dans votre pays, maîtres indépendants de votre patrie... Les Français agiront avec vous comme ils agissaient, il y a trente ans, avec vos frères bien-aimés les Egyptiens. Nous nous engageons à respecter vos trésors, vos propriétés et votre sainte religion... Venez à nous, vous nous ferez plaisir et votre amitié sera avantageuse...
Nous vivrons en paix pour votre bonheur et pour le nôtre". Ce tract tiré à Paris à 400 exemplaires a été distribué à l'establishment algérois par les hommes du Maréchal de Bourmont, pour semer la division et faire démarrer la guerre psychologique contre le Dey, afin de l'isoler à l'intérieur de la Régence comme à l'extérieur.
De Bourmont et ses commandos s'introduisent dans La Casbah. Ils se dirigent droit sur “Dar el-mal" accompagnés par le khaznadji, le ministre des fiances du Dey, en personne, certainement instruit par celui-ci, en contrepartie de son extradition à Malte avec sa famille et avec de quoi vivre dignement.
Les caisses du Trésor sont chargées au port d'Alger en direction de la France.
D.B.


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