Selon l'analyse de la tutelle, même si le taux de réussite a enregistré un léger recul, le nombre de lauréats a augmenté ainsi que celui des mentions attribuées. La baisse du taux de réussite au bac n'est pas un motif d'inquiétude pour le ministère de l'Education nationale. Ce recul de 3,61% par rapport à l'année précédente ne veut pas dire que la réforme du système éducatif, engagée ces dernières années, a échoué. C'est l'analyse officielle avancée par les principaux responsables au MEN lors d'un point de presse tenu hier au siège du département de l'Education nationale. Les directeurs de l'enseignement moyen, du secondaire et de l'évaluation ont tour à tour pris la parole pour expliquer que le secteur poursuit toujours son amélioration et ses progrès, en dépit de ce recul. Ils persistent et signent que la baisse du taux de réussite enregistré cette année ne reflète pas du tout la baisse du niveau ou du rendement des élèves et ne remet pas en cause les réformes engagées par la tutelle. “Il est vrai que le taux a enregistré un infime recul, mais il ne faut pas faire d'analyse en se basant uniquement sur le chiffre relatif au taux de réussite", explique d'emblée le directeur de l'enseignement secondaire. Pour M. Missoum, “il y a une amélioration en termes de tendance. Nous avons une courbe ascendante depuis la réforme. Trois points d'écart, ce n'est pas très important et il n'y a pas lieu de s'affoler, puisque le nombre des lauréats a bien augmenté. C'est l'équivalent de 10 lycées de nouveaux admis que nous avons enregistrés en termes de nombre d'admis". Selon lui, “les résultats sont bons ! Et ce n'est pas de l'autosatisfaction car nous aspirons à mieux". Abondant dans le même sens, le responsable de la direction de l'évaluation et de la perspective, Chaïb Draâ, précisera d'abord que “l'analyse des résultats n'est pas le fruit du hasard, mais la meilleure méthode sont les chiffres" et, selon lui, les chiffres “parlent d'eux-mêmes, non pas cette année uniquement, mais depuis plusieurs années déjà". Il fera un retour en arrière jusqu'à l'année 2004 où seuls 15% de candidats au bac parvenaient à le décrocher et encore pour bon nombre, soit 65%, grâce à la formule de rachat. “Si ce n'était pas le rachat, nous n'aurions connu qu'un taux de réussite de 6%. En toute objectivité, le pays a fait un saut quantitatif très important." Il insistera sur les chiffres en révélant que “l'école publique algérienne a produit, depuis l'Indépendance du pays, plus de trois millions de bacheliers, dont plus d'un million durant ces dix dernières années". Les différents conférenciers ne manqueront pas, comme il fallait s'y attendre, de s'attarder sur la hausse de la qualité des bacheliers, en se basant sur le nombre important de candidats qui décrochent l'épreuve avec mention. 64 mentions “excellent" en 2012, alors qu'ils n'étaient que 3 en 2008. Et depuis, le nombre n'a pas cessé d'augmenter pour les différentes mentions. “Et ceci n'est pas le fruit du hasard mais d'efforts, de stratégie, de refonte et d'évaluation systématique", soutient Chaïb Draâ. En parlant d'évaluation justement, il faut préciser que la tutelle ne procède plus au classement par wilaya, mais opte pour une évaluation par établissement pour pouvoir déceler les véritables lacunes et y remédier. Pour revenir au taux de réussite au bac, il faut savoir que les résultats du BEM 2012 sont les premières prémices d'une possible ascension, d'autant que même pour cet examen l'évolution quantitative prime sur la quantité. “72,10% de réussite au BEM est le meilleur taux enregistré depuis l'Indépendance. 55% des admis ont eu une moyenne supérieure à 12/20." Suprématie des filles : “Un phénomène de société" Evidemment, les filles se taillent la part du lion pour les deux examens. “Nous avons fait une étude pour comprendre la suprématie des filles, et nous avons découvert qu'il n'y a pas de raison ou d'explication pédagogique. C'est un simple phénomène de société, vu le statut de la fille chez nous", dira le directeur de l'enseignement secondaire. Pas de rachat à l'examen du bac Convaincue du fait que la réforme continuera à porter ses fruits, la tutelle ne compte pas revenir à la formule du rachat à l'examen du bac. “Il faut inciter le candidat à fournir des efforts. L'expérience a prouvé que quand on adopte cette formule, les candidats sont moins motivés", arguent les conférenciers. Pour les conférenciers, ce n'est parce que certaines universités ont de grandes capacités d'accueil qu'il faudrait revenir au rachat. Enfin, entre la version officielle et celle de certains spécialistes du secteur, les enseignants et les parents qui suivent de près la scolarité de leurs enfants, le contraste est de taille et seule la réalité du terrain peut départager les deux ! M B