Sur ordre du président de la République, Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, avait interrompu, hier, son congé pour recevoir en urgence les délégués des gardes communaux, à savoir Aliouat Lahlou, délégué national, Hakim Chaïb, Ali Sekouri et Hasnaoui Zidane. Objectif : trouver une solution à cette affaire qui n'a que trop duré. Selon le délégué, Ali Sekouri, le ministre a affiché toute sa disponibilité pour prendre en charge les doléances et la plate-forme de revendications établie par les gardes communaux ainsi que les problèmes de hogra et la pression qu'ils subissent sur le terrain. Au cours de cette entrevue, deux points essentiels ont été abordés. Il s'agit de régler tous les problèmes socioprofessionnels des gardes communaux qui travaillent directement avec le ministère de l'Intérieur. Le deuxième point consiste en l'ouverture totale du corps des gardes communaux. L'intégration au corps de l'ANP se fera par le choix des gardes communaux, la garantie du salaire et le statut pour ceux qui optent d'intégrer les entreprises publiques avec une prime représentant les 17 années de travail. Pour ce deuxième point, qui n'entre pas dans ses prérogatives, le ministre a exigé des délégués d'établir une requête pour la transmettre directement au Président. Selon le délégué, Ali Sekouri, pour mettre en application ces décisions, une commission a été créée, regroupant les quatre délégués et des responsables du ministère de l'Intérieur. Pour le délégué national, Aliouat Lahlou, “il n'est pas question de rentrer chez nous tant que rien ne s'est concrétisé. Nous allons siéger ici à Blida et nous n'allons pas partir jusqu'à l'entière satisfaction de nos revendications. Les gardes communaux, qui sont partis hier chez eux avec une certaine rage sont disponibles à tout moment pour revenir. Et cette fois-ci, ils seront plus nombreux. Nous allons revenir avec nos familles et nos enfants pour manifester et protester contre l'oubli, la hogra des hommes qui interviennent en première ligne pour lutter contre le terrorisme", déclare le délégué national et également chef du détachement d'Ath Mansour, à l'est de Bouira qui dénonce les conditions déplorables dans lesquelles vivent les gardes communaux. Epuisés et désenchantés, plus de 2 000 gardes communaux qui ont participé à la grande marche pour atteindre le palais d'El-Mouradia se reposent au siège de la garde communale de la wilaya de Blida. Certains sont rentrés chez eux par bus que les autorités ont mis à leur disposition dans la nuit du lundi à mardi. On note que plus de 60 gardes communaux ont été blessés lors de leurs affrontements avec les services de sécurité. Certains, gravement atteints, ont été transférés rapidement vers les hôpitaux. L'un des coordinateurs de cette marche a été, lui aussi, blessé après avoir reçu un coup de matraque sur la tête. Selon Aliouat Lahlou, parmi les blessés, il y a un garde communal qui risque de perdre un œil. Les représentants des gardes communaux, qui affichent une détermination d'arracher leurs droits par une grande mobilisation où la population, selon eux, sera aussi sollicitée pour prendre part, menacent de rebondir à tout moment si les autorités ne relâchent pas leurs confrères qui ont été arrêtés par la police. Certains gardes communaux complètement lassés par la grande marche racontent : “Ils nous barraient la route mais ils avaient préparé tout un chargement de pierres derrière eux, nous avons tenté de les repousser mais une pierre — la première — est partie de chez les policiers." Et d'ajouter : “Il y avait des milliers d'agents antiémeutes qui nous attendaient de pied ferme avec des grenades lacrymogènes, des chiens et des bâtons." K. F