Un violent affrontement a eu lieu, hier, aux environs de 16h30 entre les gardes communaux et les éléments des services de sécurité sur l'autoroute reliant Alger - Bilda au niveau du quartier de Tixeraïne à Birkhadem. Tout a commencé lorsque les 45 000 gardes communaux, ayant entamé une marche pacifique depuis 4 heures du matin de la wilaya de Blida vers la capitale, sont arrivés à Birkhadem où ils ont trouvé un impressionnant dispositif sécuritaire pour les accueillir. Les gardes communaux se sont arrêtés lorsqu'ils ont vu des cadres supérieurs de la police et de la Gendarmerie nationale avancer vers eux pour éventuellement procéder à des discussions sur les raisons de cette importante marche pacifique. Leur surprise a été grande lorsqu'ils ont remarqué que les camions citernes de la police nationale continuent d'avancer vers eux avec l'ordre de les arroser. Débordant sur les deux rives de l'autoroute, les gardes communaux étaient contraints de se défendre contre ce qu'ils ont appelés «une intimidation». Pendant près d'une heure, l'autoroute s'est transformée en un terrain d'affrontements violents où des scènes dramatiques et regrettables se sont produites. Les policiers et les gardes communaux s'attaquaient mutuellement avec des pierres. L'affrontement a dégénéré jusqu'à atteindre des milliers de jeunes et d'habitants des quartiers avoisinants qui se trouvaient sur place. Ces derniers ont été impliqués dans cette «bagarre» et ils se sont mis à attaquer les forces de l'ordre avec tous les moyens dont ils disposaient. L'appel au renfort des éléments de sécurité se faisant entendre de partout et avec urgence pour tenter de canaliser cette foule qui a débordé dans tous les sens. Il a été très difficile de faire face à la colère des gardes communaux, déterminés à obtenir leurs droits, en dépit de la fatigue et de l'épuisement qui les ont gagnés depuis quatre heures de matin sur plus de 40 km qu'ils ont fait à pied. Ces affrontements ont fait plusieurs dizaines de blessés parmi les services de sécurité, les gardes communaux et les citoyens. On a également constaté plusieurs arrestations dans les rangs des citoyens et de la garde communale. Le parcours depuis Blida n'a pas été facile pour ces milliers de gardes communaux. Epuisés par la lutte contre le terrorisme puis la dureté des conditions sociales, quelque 20 gardes communaux ont été transférés à l'hôpital bien avant d'arriver à Alger. «Ils étaient fatigués, ils n'ont pas pu tenir», diront des délégués. «Nous avons organisé cette marche pacifique depuis 4h du matin et nous n'avons trouvé aucun obstacle sur notre chemin», nous a dit Sekouri Ali, délégué national des gardes communaux, lors d'une halte marquée juste avant l'entame de la dernière ligne droite de cette marche visant à pénétrer au centre de la capitale. Plusieurs milliers de gardes communaux étaient assis par terre pour reprendre leur souffle et attendre l'arrivée des autres collègues. «Nous déplorons la maltraitance, le mépris et la hogra exprimés par les pouvoirs publics à travers la mobilisation de tout ce dispositif sécuritaire pour nous empêcher d'aller au but de notre marche qui est pacifique et exprimer nos revendications légitimes et légales», dira Karim Chaib, un autre délégué. «Ces menaces et intimidations ne nous font pas peur. Nous sommes des Algériens et des citoyens à part entière. Nous ne sommes pas des ennemis qu'il faut abattre», ajoute-t-il. «Nous avons combattu le terrorisme pendant plusieurs années dans les maquis, on ne peut pas tolérer ce genre de traitement», se sont insurgés des patriotes. «De toute manière, ce n'est pas ce dispositif sécuritaire impressionnant qui va nous dissuader d'aller jusqu'au bout de nos revendications», ont-ils ajouté. Quelle tutelle ? Les délégués ont affirmé que les négociations entamées depuis un an et demi avec le ministère de l'Intérieur n'ont pas abouti à des «résultats satisfaisants». «Nous n'avons pas obtenu les 1200 dinars du panier, ni le droit à une retraite digne avec les sacrifices que nous avons consentis dans la lutte contre le terrorisme», regrettent-ils. «Aujourd'hui, nous demandons des explications pour que les choses soient claires pour tout le monde : sommes-nous affilés au ministère de l'Intérieur, donc à la Fonction publique, ou sommes-nous sous la coupe du ministère de la Défense nationale ?», s'interrogent des gardes communaux. «Nous sommes payés 24 000 dinars par mois alors que nous travaillons H24 ? Il est anormal que des patriotes intégrés dans des entreprises publiques soient considérés comme des agents de nettoyage ou de gardiennage. Ils sont les plus lésés après avoir combattu durant les années de braise et sauvé la nation du terrorisme ?». «Nous refusons l'exploitation. Nous sommes des moudjahidine à part entière et nous méritons le respect de l'Etat. C'est pour cela que nous réclamons haut et fort un statut digne du travail que nous avons accompli pour l'Algérie», disent-ils. Les gardes communaux sollicitent le président de la République «pour intervenir et régler cette situation». Ils menacent d'aller vers les organisations internationales de défense des droits de l'homme «pour faire valoir leurs droits». «Et que chacun assume les dérives de cette situation», préviennent-ils.