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Virée au pavillon 2 des grands brûlés du CHU Oran
“Parler avec des immolés, c'est du politique"
Publié dans Liberté le 18 - 07 - 2012

La multiplication des cas d'immolation depuis l'année 2010 prend des proportions alarmantes, avec un pic pour 2011, mais que d'aucuns veulent qualifier banalement “d'effet de mimétisme" par rapport au geste de Bouazizi en Tunisie.
Aujourd'hui à Oran, il est dérangeant de vouloir parler des immolés, d'évoquer ceux et celles qui ont fini par choisir de se brûler. “Vous voulez parler des immolés, les rencontrer, mais c'est politique !..."
Telle est la sentence qui nous a été jetée au visage, non pas par un haut fonctionnaire de l'Etat, ou par un représentant de l'ordre, mais par une maître-assistante du pavillon 2 des grands brûlés du CHUO. Le mot magique est lâché qui justifiera le black-out au sein de ce service qui accueille et traite la plus grande majorité des immolés issus de l'ouest du pays. La multiplication des cas d'immolation depuis l'année 2010 prend des proportions alarmantes, avec un pic pour 2011 mais que d'aucuns veulent qualifier banalement “d'effet de mimétisme" par rapport au geste de Bouazizi en Tunisie.
C'est une situation macabre qui vous saute au visage et interpelle tout un chacun que de parler de ces histoires, toutes uniques mais si semblables, alors que ceux qui dans un geste ultime sacrificatoire par la symbolique du feu, ont voulu dire leur existence, leur souffrance, leur révolte sans issue. Le décompte du CHUO est brut : 30 décès par immolation en 2010, 70 en 2011, et en 2012, 18 décès ! Oran seule a enregistré la mort de 9 personnes suite à une immolation depuis le mois de mai 2011. Il y a eu ces dernières années tellement de suicides par immolation, comme cet homme âgé d'une soixantaine d'années à Gdyel, il y a eu un père de famille de 7 enfants, un autre d'une trentaine d'années, il y a surtout Mama, cette jeune mère de famille divorcée, avec son fils de 3 ans, il y a encore eu le jeune lycéen de 19 ans qui, lui, s'en est sorti mais qui aujourd'hui aspire à la tranquillité et à l'oubli.
Décoder ces passages à l'acte, c'est regarder comme dans un miroir les maux de l'Algérie, de la société : hogra, chômage, malvie, désespérance, révolte et pour tous et toutes, un mur sans issue, l'absence de recours et de solutions, comme cela a été expliqué par nombre de sociologues et de psychologues. L'un de ces psychologues, chargé du suivi des immolés, jusqu'à leur mort, au pavillon 2 et qui sera le seul autorisé à nous parler au nom de la préservation de la vie privée des personnes, tentera de nous faire admettre qu'en l'état, les immolations seraient le fait majoritairement d'individus fragiles, ayant des antécédents pathologiques, des drogués, des alcooliques. Mais celui-ci n'a pas entendu la sentence du médecin.
Pour autant son discours et ses explications suffisent-ils à expliquer l'apparition simultanée aux quatre coins de l'Algérie des cas d'immolation depuis 2010.
De ces histoires d'immolés à Oran et ailleurs, il est trop souvent question du refus de l'octroi d'un logement espéré depuis trente ans, une décision de justice perçue comme inique, le refus toujours de l'octroi d'une dernière chance pour finir ses études, pour éviter une expulsion de son logement... Quel symbole fort que ce portrait de Mama, cette jeune mère de famille divorcée avec deux enfants à charge, assurant seule leur subsistance.
Face à un huissier et un officier de police venus l'expulser, elle s'est immolée pour tenter de repousser cette force publique qui va la jeter à la rue avec ses enfants. Elle entraînera avec elle et malgré elle dans la mort, son petit garçon de 3 ans qui, dans un réflexe maternel, est allé s'accrocher à sa mère qui n'était qu'une torche vivante. Après ce drame qui avait bouleversé tout Oran, une voisine dira : “Elle ne voulait pas vraiment s'immoler, elle voulait juste les dissuader de l'expulser."
D. L


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