Contre-offensive de Bachar al-Assad pour nettoyer Damas grâce au double veto russo-chinois. Mais la doute a gagné les deux parapluies du régime syrien. La diplomatie de Moscou est en plein cafouillage, convaincue que Damas ne fait que jouer la montre. Bachar al-Assad a-t-il surmonté la décapitation de sa défense et services spéciaux mercredi par la rébellion ? Difficile d'y répondre d'autant que c'est la cacophonie chez les Russes qui l'ont, pourtant, repêché in extrémis au Conseil de sécurité par leur veto appuyé par les Chinois, lesquels ne défendent pas tant le régime syrien que l'ingérence internationale dans les affaires intérieures pour violation manifeste de droits élémentaires de l'Homme. Moscou et Pékin ont opposé, jeudi 19 juillet, leur veto à une résolution occidentale menaçant le régime syrien de sanctions, c'est leur troisième verrouillage aux tentatives de l'Onu pour faire pression sur Damas depuis le début du conflit il y a 16 mois. Un blocage que la communauté internationale, hormis Moscou, Pékin, Téhéran et le Hezbollah libanais, considère comme une manœuvre visant à laisser du temps au régime syrien pour retourner la situation sur le terrain et écraser l'opposition. L'Onu a échoué dans sa mission de protéger les populations insurgées syriennes, tel est le sentiment chez les membres de l'organisation multilatérale. Certains se demandent même s'il ne fallait pas tirer un trait sur la médiation de Kofi Annan lequel a lui-même subodoré son incapacité à ramener à la raison les autorités de Damas. Pour les Etats-Unis, revenus au formalisme international depuis qu'Obama occupe la Maison-Blanche, dès lors que l'Onu a totalement échoué, ils travailleront désormais en dehors du Conseil pour faire pression sur Damas. Leur représentante à l'ONU, Susan Rice, a déclaré après le blocage par Moscou et Pékin: “Nous allons intensifier nos efforts avec différents partenaires hors du Conseil de sécurité pour faire pression sur le régime Assad et fournir de l'aide à ceux qui en ont besoin". L'ambassadrice met aussi Damas en garde à propos de son stock d'armes chimiques, affirmant que le gouvernement syrien serait tenu pour responsable de son utilisation éventuelle contre la population civile. Ça ne rappelle-t-il pas la veille de l'invasion de l'Irak ? En fait, Washington n'a pas attendu ce troisième veto russo-chinois pour agir. Il est clair que sans l'approbation du Pentagone, ni les Saoudiens ni les Qataris ne pouvaient livrer des armes à l'Armée libre syrienne (ALS). On dit même que la CIA contrôle le type d'armements et leurs destinataires sur le terrain pour éviter qu'elles ne tombent entre les mains de djihadistes. Et pour ajouter à cette confusion, la télévision d'Etat syrienne qui a démenti les informations relatives à la possibilité d'un départ de Bachar el-Assad, l'a montré installant son nouveau ministre de la Défense, le général Fahd al-Freij, qui succède au Daoud Rajha, tué dans l'attentat de mercredi à Damas, avec le beau-frère de Bachar el-Assad, Assef Chawkat, et le général Hassan Turkmani, chargé de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte. D. B