L'ambassadeur de Russie en France Alexandre Orlov a affirmé, hier, que le président syrien avait accepté de partir, mais de "façon civilisée", dans le cadre de la réunion du groupe d'action sur la Syrie le 30 juin dernier. A l'issue de cette réunion, "il y a eu un communiqué final qui prévoyait une transition vers un régime plus démocratique", a souligné le diplomate sur RFI. "Ce communiqué final a été accepté par Assad. Assad a nommé son représentant pour mener les négociations avec l'opposition sur cette transition. C'est-à-dire, il accepte de partir. Mais partir d'une façon civilisée", a-t-il considéré. Alexandre Orlov a reconnu que ce "sera difficile" pour le président syrien de "rester après tout ce qui s'est passé". Premières images d'Assad après l'attentat de mercredi La télévision d'Etat syrienne a diffusé, avant-hier, les premières images du président Bachar al-Assad après l'attentat qui a tué trois de ses proches collaborateurs la veille à Damas. Selon ces images, M. Assad, en costume bleu, reçoit le nouveau ministre de la Défense, Fahd al-Freij, en uniforme militaire, après la prestation de serment. Le chef de l'Etat l'invite ensuite à s'asseoir et converse avec lui. Le général Freij a succédé au ministre de la Défense Daoud Rajha, tué dans l'attaque de mercredi. Mercredi derneir, outre le général Rajha, son vice-ministre, le général Assef Chawkat, beau-frère du président, et le général Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, ont été tués dans un attentat dans le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas. Les images de M. Assad font suite aux spéculations alimentées par son silence après la mort de ses trois proches collaborateurs. Auparavant, un conseiller de M. Assad avait dit que le président se trouvait au palais présidentiel à Damas, où de violents combats ont lieu depuis dimanche entre rebelles et soldats. Au moins 214 personnes, dont 124 civils, 62 soldats et 28 rebelles ont péri mercredi derneir, dans la répression et les combats à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ce bilan n'inclut pas les trois hauts responsables syriens, dont le beau-frère du président, tués dans un attentat spectaculaire dans la capitale, qui porte un coup dur à l'appareil sécuritaire du régime. Ban Ki-moon condamne fermement l'attentat de Damas Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "condamné fermement" l'attentat de mercredi à Damas dans lequel trois hauts responsables syriens ont trouvé la mort. Il a souligné "l'urgence extrême" que revêt l'arrêt de la violence armée par les deux camps. Dans un communiqué de son porte-parole, M. Ban se déclare aussi "très inquiet des informations sur l'utilisation d'armes lourdes par les forces de sécurité syriennes contre des civils, y compris dans la région de Damas", en dépit des engagements pris par le gouvernement syrien. "Les actes de violence commis par l'une ou l'autre des parties sont inacceptables et constituent une violation" du plan de paix de l'émissaire international pour la Syrie Kofi Annan, a-t-il affirmé. A la veille d'un vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution déposée par les Occidentaux sur la Syrie, M. Ban "exhorte le Conseil à prendre ses responsabilités et à agir de manière collective et efficace". "Il y a trop longtemps que le peuple syrien souffre, le bain de sang doit prendre fin immédiatement", conclut-il. Kofi Annan a lui aussi condamné mercredi le bain de sang en Syrie et estimé qu'il soulignait l'urgence pour les grandes puissances de prendre des mesures énergiques destinées à endiguer la violence et à ouvrir la voie à une transition politique à Damas. La Russie juge inacceptable de la tenir le régime pour responsable Il est absolument inacceptable de tenter de rendre la Russie responsable de la situation en Syrie en raison de son veto à la dernière résolution occidentale à l'ONU, a déclaré, hier, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Les tentatives de certains pays occidentaux de faire porter à la Russie la responsabilité de l'escalade de la violence en Syrie en raison de son refus de soutenir une résolution sur la menace de sanctions contre le pouvoir syrien sont absolument inacceptables, a dit M. Alexandre Loukachevitch au cours d'une conférence de presse. Plutôt que de se livrer à de grossières insinuations sur la politique de la Russie, a-t-il ajouté, il serait préférable que nos partenaires occidentaux fassent au moins quelque chose pour inciter l'opposition armée à s'engager sur la voie d'un règlement politique. M. Loukachevitch a en outre accusé, sans les citer, des pays d'encourager l'opposition syrienne à commettre des actions terroristes. Nouveau ministre la Défense investi par Bachar al-Assad Le nouveau ministre syrien de la Défense, le général Fahad Djassim al Freij, ancien chef d'état-major des forces armées, a prêté serment, avant-hier, en présence du président Bachar al-Assad. L'information a été rapportée par la télévision syrienne. Il succède à Dawoud Rajha, tué la veille, tout comme deux autres hauts responsables du gouvernement et de l'armée, dans un attentat suicide à Damas. La télévision syrienne n'a pas montré d'images de la cérémonie d'investiture et n'a pas dit non plus où elle s'était tenue. Avant-hier, des sources proches de l'opposition syrienne et un diplomate occidental ont déclaré que Bachar al-Assad se trouvait à Lattaquié, sur la côte méditerranéenne de la Syrie, d'où il coordonnerait la riposte à l'attentat de la veille. L'armée reprend le contrôle d'un quartier de Damas Les soldats de l'armée syrienne ont repris le contrôle total du quartier de Midan, dans la capitale Damas, a annoncé, hier, la télévision d'Etat. L'opposition confirme l'information, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme précisant que les forces gouvernementales encadrées par des chars sont entrées dans Midan. Le militant Khaled al-Shami, basé à Damas, a affirmé que les rebelles ont procédé à un retrait "tactique" hier, matin pour épargner aux civils de nouveaux bombardements. De violents combats entre rebelles et soldats ensanglantent la capitale depuis cinq jours. Plus de 300 morts avant-hier, journée la plus meurtrière en 16 mois Plus de 300 personnes, en majorité des civils, ont péri, avant-hier, dans la répression et les combats qui font rage à travers la Syrie, le bilan le plus lourd en 16 mois de révolte, selon un décompte de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) publié, hier. Au moins 139 civils, 98 soldats et 65 rebelles ont été tués, selon cette ONG basée en Grande-Bretagne. Il s'agit du bilan le plus lourd depuis le début de la révolte, que ce soit pour les civils, les rebelles ou les soldats, a indiqué Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH. Le bilan le plus élevé a été enregistré à Damas et sa province avec notamment 47 civils et 23 rebelles tués. La capitale est secouée depuis six jours par des combats entre rebelles et armée régulière. L'Irak évacue ses citoyens de Syrie par avion L'Irak évacuait de Damas des centaines de ses concitoyens par avion, à cause des violents combats entre soldats syriens et rebelles qui ont rendu les routes trop dangereuses, ont annoncé, hier, des responsables irakiens. Le capitaine d'Airways Irak Saad al-Khafaji a précisé que 750 Irakiens avaient quitté la capitale syrienne depuis jeudi. Deux autres vols devraient rapatrier des Irakiens dans la journée d'hier. Ces dernières 24 heures, environ 3.000 Irakiens ont afflué au principal point de passage à la frontière entre l'Irak et Syrie. Les rebelles ont pris le contrôle d'au moins un poste frontière jeudi, celui de Qaim, au nord d'Al-Walid. Le porte-parole de la province d'Anbar (ouest de l'Irak) Mohammed Fathi, a indiqué que la Croix rouge installait, hier, des tentes et distribuait du matériel médical aux réfugiés, au point de passage d'Al-Walid, à environ 600km de Bagdad.