De nombreuses familles démunies parviennent à subvenir aux dépenses du mois sacré du Ramadhan en s'adonnant à des métiers occasionnels, et ce, pour préserver leur dignité et leur fierté. La maîtresse de maison se lève tôt le matin pour pétrir la pâte et confectionner sur le tadjine des centaines de dioules qui seront vendus par le conjoint à raison de cinquante dinars la douzaine, car ils sont indispensables pour la préparation de l'incontournable bourek. Certaines femmes s'investissent dans la préparation de la galette croustillante, qui est désormais disponible dans les épiceries ou chez les vendeurs à la sauvette qui réussissent à fidéliser leur clientèle. D'autres s'échinent à confectionner des plateaux de kalb el-louze et de baklaoua que leurs enfants écoulent dans les principales rues commerçantes fort animées. Des pères de famille écoulent dans différents marchés du cèleri, coriandre, persil, de la menthe, des œufs frais, de la volaille, des fruits et légumes, des croissants, du pain brioché et divers produits particulièrement prisés durant le mois de carême. D'autre part, des adolescents sont embauchés temporairement par des gérants de boulangeries, patisseries, pizzerias, supérettes et cafétérias pour les seconder et satisfaire la nombreuse clientèle. Leur maigre salaire est remis aux parents qui doivent faire face aux multiples achats indispensables à la préparation de la chorba et autres plats du ftour. Des retraités, des chômeurs et parfois des salariés qui bouclent difficilement le budget familial, se convertissent en taxieurs clandestins et effectuent des courses en ville pour empocher quelques centaines de dinars en fin de journée. Certaines mères de famille se sont improvisées en nourrices et assurent la garde durant la journée de deux ou trois bébés dont les mamans sont travailleuses, ce qui leur permet d'apporter leur contribution aux dépenses de la maisonnée. Ainsi, les familles démunies n'hésitent pas à s'adonner à de petits boulots, pour peu que ceux-ci soient décents et qu'ils leur permettent de gagner honnêtement leur vie. Des à-côtés qui sont toujours les bienvenus en ces temps de crise. H B