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Le Commando DJAMAL
Dans l'Ouarsenis, dans les monts de Amrouna et Doui au Dahra
Publié dans Liberté le 29 - 07 - 2012

Vers la mi-juillet 1957, le commando se positionne à proximité de la harka de Beni Merhba. Il existait à l'époque dans cette région, plusieurs dechras constituées en groupes d'auto-défense. Cette situation est le résultat d'agissements irréfléchis d'un responsable local qui a facilité l'œuvre de la SAS (Section administrative spécialisée). Au départ, les membres de ces groupes n'étaient pas les ennemis de l'ALN. Ils sont, hélas, devenus nos adversaires. Ces derniers possédaient une cinquantaine d'armes et ils sortaient en opération avec l'ennemi. Vers 14 heures, nous donnons l'assaut. Tous ceux qui ont résisté ont été éliminés. Nous ne récupérons que des fusils de chasse. De nombreux hommes armés ont pu s'enfuir. Aucune perte dans nos rangs.
Nous nous replions sur Tiyabine. Nous ignorions qu'après notre départ, l'armée était en opération. Elle menait un ratissage. Mais ce n'est nullement un ratissage de routine. Nous apprenons, les jours suivants, que l'opération a été montée grâce à des renseignements précis concernant notre katiba.
Dès notre arrivée, nous nous installons sur le flanc de la montagne. Au lever du jour, nous découvrons que des militaires occupaient le haut de la crête. Nous nous camouflons, chacun sur la position qu'il occupe. Puis, moins d'une heure après, nous apercevons sur le mont opposé, situé de l'autre côté de l'oued, des mouvements de soldats. Ils prennent position sur l'autre crête, en face. Nous sommes pris en étau. Nous constatons que nous sommes dans une situation dangereuse. Nous n'avons pas beaucoup d'issues. Prendre d'assaut la crête au-dessus, déloger les militaires et résister toute la journée aux attaques de fantassins et aux raids de l'aviation ? Ou essayer de sortir de l'étau sans être accrochés ? L'artillerie se met de la partie. Plusieurs batteries sont à l'œuvre. Si Nouredine choisit de nous faire regagner l'oued. Le pilonnage s'intensifie. Il est orienté plein ouest. À la tête de la compagnie, une fois arrivé à l'oued, Si Nouredine prend la direction Est. Nous le suivons un moment. Tayeb (Bentifour Tayeb), arrête sa course et nous crie : “Nous allons droit sur le bouchon". Nous nous consultons rapidement et nous décidons de rebrousser chemin. Un compagnon court rattraper le gros de la katiba, parti avec Si Nouredine. En vain. L'ennemi veut nous attirer vers le “bouchon", l'embuscade. La manœuvre est connue. On laisse apparemment une “sortie", mais c'est la mauvaise et il faut l'éviter. Il faut replier vers l'Ouest, passer par le “barrage" créé par l'artillerie ; là, il n'y a pas de soldats, c'est libre. Nous sommes au total deux groupes qui ont choisi de se replier vers l'ouest. Nous arrivons dans la zone de tous les dangers, dans la bande où explosent les obus, le fameux “barrage". Dès que le sifflement - bruit accompagnant la trajectoire de l'obus - se fait fort, ce qui indique que l'obus va atteindre l'impact et va exploser, nous nous jetons à terre. Après l'explosion, il faut courir vers l'avant, refaire la manœuvre chaque fois qu'un obus s'annonce, éclate à gauche ou à droite, jusqu'à ce que nous sortions complètement du champ du “barrage". Par chance, aucun élément n'a été tué ou blessé par un éclat mais nous sommes couverts de boue. Devant nous, aucune présence de militaires. C'est le calme plat. Par contre, nos autres compagnons étaient attendus par l'ennemi. Il y eut de nombreux tués. Certains ont pu échapper au traquenard et se replier, en suivant notre exemple. Ils furent moins chanceux que nous. Si Nouredine fut blessé à l'épaule. Nous avons perdu la mitrailleuse.
L'après-midi est bien avancé. Nous nous installons face à un poste militaire dans un endroit où nous sommes cachés par quelques arbres à l'ombre desquels nous tentons de reprendre des forces. Certains compagnons somnolent. Vers midi, nous envoyons des djounouds nous chercher du pain d'une dechra toute proche. Nous aurons droit au quart d'une galette chacun. Nous avons toujours faim. Vers 17 heures, alors que nous nous rafraichissions dans une “chaâba"(petit ruisseau), un civil nous avertit de la présence ennemie. Nous n'aurons pas le temps de nous préparer au combat que l'ennemi nous mitraille. Nous ripostons et essayons de sortir de la petite dépression. Les soldats courent pour nous barrer le chemin. Nous suivons le cours du petit oued, courons pour le remonter et sortir plus haut, devancer l'ennemi. Sur notre chemin, se dresse un obstacle qui entrave notre course : un gros rocher, situé en travers, qu'il faut enjamber pour pouvoir avancer. Quatre de mes compagnons qui me devançaient sont blessés par un tireur ennemi qui a pris position quelque part. J'arrive à mon tour devant l'obstacle. Un VB explose près de moi. Je sens une brûlure à la cuisse gauche. Je ne parviens pas à franchir l'obstacle. Si Moussa (1) me crie de faire attention. Il a sûrement repéré le tireur embusqué. Il me dépasse, me tend son bras robuste et me hisse au dessus du rocher en me tirant vers lui. Vu ma blessure, il me conseille de rejoindre les autres compagnons qui sont passés. Il reste sur place et réussit à abattre le tireur caché. Le bilan est lourd : 11 blessés sur les 19 éléments qui constituent l'effectif de nos deux groupes. Nous éprouvons des difficultés à transporter nos blessés. Les 8 compagnons indemnes prennent en charge les blessés les plus graves avec l'aide des blessés légers. Les blessés souffrent. Nous n'avons pas d'infirmier. Nous ne disposons d'aucun médicament, ni d'aucun produit pour les soulager. Le matin de bonne heure, nous arrivons à Beni Merhba. Nous nous abritons dans une forêt toute proche de la dechra que nous avions attaquée quelques jours avant. Toujours rien à manger. Au crépuscule, nous entamons une marche à la recherche d'un refuge (merkez). La population a fui. Elle n'attend jamais l'ennemi lorsqu'il y a un ratissage. Nous étions à bout de force. Tard dans la nuit, alors que nous poursuivions notre marche, nous apercevons, au loin, une lumière, sur une hauteur. Nous nous dirigeons vers elle. Dans ces régions, au relief accidenté, on ne peut estimer le temps qui vous sépare de l'endroit à atteindre. Il nous a fallu deux longues heures de marche, dans une obscurité totale. Une ascension pénible. C'est une maison, bâtie en terre, sur le flanc d'un monticule semblable à toutes les maisons environnantes. On ne peut percevoir ce genre de maisons que lorsqu'on est tout près. Une vieille dame est assise près du feu. Elle est seule. Les hommes s'étaient enfui la veille. Elle n'a rien à nous offrir. Sauf des glands séchés qu'elle allait puiser dans une “khabia", une grande cruche. Ce ne fut pas facile de les croquer. Nous repartons à la recherche de notre compagnie que nous parviendrons à retrouver, deux jours plus tard, à Mesker. Nos retournons à Tiyabine pour enterrer nos morts. Le spectacle est effroyable : 34 morts. Nous avons inspecté et fouillé le terrain autour de Tiyabine. Parmi les morts, Mekraz, un jeune de la région de Tiberkanine (El Attaf). Il était accroché et suspendu à un arbre, retenu par le dos de sa veste. Il nous fait face, à deux mètres environ au-dessus du sol, le tronc désaxé par rapport à son corps, si frêle, touché sûrement par le souffle puissant d'un obus. Un autre compagnon avait eu le nez et la lèvre supérieure arrachés. Mohamed, l'infatigable et très dévoué infirmier, ne le quittait pas. Mohamed voulait que je parte avec les autres blessés, à l'infirmerie située au Zaccar. Je refuse d'y aller, ma blessure n'étant pas grave.
Si Nouredine quitte définitivement le commando
L'infirmerie du Zaccar, située à Hmatnia, déchra proche de Hammam Righa, était tenue par Si Saïd (Hermouche Arezki (*). Elle fut découverte par l'armée française qui exterminera tous les blessés qui ne pouvaient pas s'enfuir.
Avant le départ, une section venue de la frontière marocaine nous rejoint. Les djounouds ont ramené des Mausers.
Nous restons dans le secteur de Mesker, Houaoura, Bouharb. La faim nous accompagne toujours. Nous cueillons quelques petites pommes, pas encore mûres, et ramassons des figues. Enfin, nous recevons l'ordre de quitter la région 1 pour rejoindre la région 4, celle de Teniet-El-Had. Nous marchons toute la nuit et nous arrêtons à Doui, mont qui domine Aïn Defla, après avoir traversé la route nationale Alger-Oran.
(à suivre)
Le merkez
Les merkez ou refuges étaient des maisons de dechras où étaient hébergés les djounouds de l'ALN. Ces maisons étaient la propriété des habitants.
Par la suite, l'extension des zones interdites, le déplacement des populations contraintes et forcées à quitter leurs dechras pour rejoindre les centres de regroupement, ont incité l'ALN à construire des postes de liaison. Généralement installés en montagne, ces postes étaient implantés sur tous les itinéraires qu'empruntait l'ALN. Dirigé par un chef de poste qui avait sous son autorité quelques djounouds, le poste offrait le gîte et le couvert aux éléments de l'ALN. Il assurait le transport du courrier.
Les postes étaient situés à une étape de marche (ou à une nuit de marche), les uns par rapport aux autres. Ainsi, en ce qui concerne la Wilaya IV, grâce à ces postes ou relais, on pouvait, à partir de Zbarbar, en zone 1, rejoindre Ténès ou l'Ouarsenis. Ce long parcours était parsemé de postes qui permettaient une halte, l'accompagnement par un guide ou “tiçal".
(1) Koubili Moussa fut, par la suite, en 1960, mon confrère au Conseil de la zone 4. Il est désigné, en 1961, au grade de chef de zone. Il est tué, le 28 janvier 1961, près de Bousseman (secteur de Menacer) au retour d'une réunion en zone 2. Si Moussa est natif de la région de Ténès.
(*) Hermouche Arezki (Si Saïd), natif de Béjaïa, était étudiant à la Faculté de médecine d'Alger. Il fut blessé à la jambe et envoyé au Maroc pour subir des soins. Il est dirigé, ensuite, sur l'Allemagne où il termina ses études de médecine. Il était professeur de Médecine, spécialiste en radiologie. Il décède le 28 juillet 1992.


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