Après avoir repris le contrôle de Damas au prix de batailles sanglantes et d'un désastre humanitaire, l'armée syrienne s'est attelée, tout au long de ces derniers jours, à acheminer des renforts autour d'Alep, deuxième ville et poumon économique du pays. C'est à un véritable encerclement de la métropole du Nord, où se sont regroupées des forces rebelles conséquentes, opéré par les forces armées de Bachar al-Assad avant de donner l'assaut hier, engageant ainsi ce qui a été baptisé "la mère des batailles". Depuis jeudi, des hélicoptères de combat ont mitraillé les positions des insurgés dans les ruelles de la ville, poussant la population civile sur le chemin de l'exode. Dès la matinée d'hier, les forces loyales du régime se sont dirigées vers le quartier Salaheddine, l'une des positions fortes des rebelles dans la ville. Mais des combats sont engagés simultanément dans plusieurs autres quartiers et des témoins affirment que ce sont les plus violents depuis le début de la révolte, il y a plus d'une année, faisant état de tirs nourris à l'arme lourde. L'ouverture de ce nouveau front a eu lieu le 20 juillet. Depuis, l'armée régulière, appuyée par des hélicoptères et des chars, s'est contentée de pilonner les positions ennemies en attendant l'arrivée des renforts nécessaires à l'assaut final. Pour leur part, les rebelles n'ont lancé aucune opération d'envergure, semblant réserver leurs forces pour tenter de contenir l'attaque massive engagée hier matin par l'armée régulière. Les capitales occidentales, qui ont pris fait et cause pour les insurgés et qui ne cachent plus leur soutien, n'ont pas hésité à dénoncer et à condamner par anticipation l'offensive de l'armée syrienne destinée à reprendre le contrôle de la métropole du nord du pays. “En accumulant les moyens militaires lourds autour d'Alep, Bachar al-Assad s'apprête à commettre de nouvelles tueries contre son peuple", a dénoncé vendredi Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères. Washington, qui avait déclaré redouter un massacre, a condamné par avance une “agression haïssable et répréhensible des forces d'Assad contre ce centre de populations civiles." Londres a mis en garde contre un “désastre humanitaire" et Rome appelle à faire “monter la pression au maximum sur Assad pour éviter un nouveau massacre" à Alep. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté “le gouvernement syrien à arrêter l'offensive" et a exigé de lui l'engagement ferme de ne pas faire usage d'armes chimiques. La bataille d'Alep n'est pas considérée par hasard comme la “mère des batailles" par le régime de Damas. Elle est d'une importance vitale pour les deux parties. Pour le gouvernement, la capitale économique abrite beaucoup de ses partisans, parmi les hommes d'affaires notamment, et il compte sur eux pour supporter une partie de son effort de guerre. Sans compter qu'il s'agit d'une porte indispensable pour le contrôle de toute la bande nord du pays où il compte des appuis précieux parmi la communauté kurde largement majoritaire dans la région. Pour les insurgés, au-delà de l'objectif de priver le régime de ces avantages, ils voudraient se doter d'une zone de repli sécurisée où soigner les blessés, recevoir d'éventuels déserteurs et leurs familles et planifier leurs futures opérations. D'autant plus que, sur le plan symbolique et psychologique, le contrôle de la deuxième plus grande ville du pays est un atout tout à fait considérable. M.A. B