Les nouvelles qui nous viennent de Londres concernant la délégation olympique nationale n'ont rien de réjouissant. Il faut dire qu'elles ont été précédées d'échos qui renseignaient déjà sur le niveau moral de notre participation : dopage et larcins. Après l'infamie, la déception, annoncée celle-là. Pourtant, les fédérations et le Comité olympique national sont allés racler les championnats des pays d'immigration algérienne pour garnir la délégation en y glanant les athlètes d'origine algérienne. Ces fédérations nationales font plus souvent parler d'elles aux échéances de renouvellement de structures qu'à l'occasion de rendez-vous sportifs internationaux : on observe plus de hargne chez leurs dirigeants dans leur course à la présidence de clubs et de fédérations nationales et pour l'accès aux fédérations régionales, continentales et mondiales que de combativité chez leurs ouailles dans les joutes internationales. Ainsi, en est-il pour l'escrime, par exemple : après deux médailles d'or arrachées au championnat d'Afrique de Casablanca, en avril dernier, grâce à deux “émigrées" (Anissa Khalfaoui et Léa Moutoussamy), fleurirent deux candidatures algériennes pour la présidence et le secrétariat général de la Confédération africaine d'escrime ! Le président de la FAE avait même dit ceci : “Je suis candidat à la présidence de la CAE avec pour objectifs : donner de la crédibilité à cette discipline en Afrique et rehausser le niveau de l'escrime." Dans toutes les disciplines, le sport est devenu un prétexte à la promotion statutaire parmi la faune de dirigeants sportifs de carrière. Malgré cette possibilité de recours aux athlètes nés ou partis s'installer à l'étranger, la moitié des fédérations de sports olympiques n'arrive pas à se faire représenter aux JO. Et l'athlétisme, ancienne gloire nationale, est en train de battre en retraite : quatorze compétiteurs à Pékin, six à Londres ! Seule la boxe fait de la résistance. Mais c'est un miracle que de jeunes pugilistes arrivent encore à ce niveau de compétition. Les subventions de clubs sont misérables et les boxeurs ne connaissent généralement pas la notion de “prime de match". Si ce n'était l'effort de quelques bénévoles et de quelques rares APC et institutions (armée, police, Protection civile) ce sport aurait déjà disparu. Quand on sait que le championnat d'Algérie a été suspendu plusieurs semaines pour réserver les salles à la... campagne électorale pour l'APN. Priorité donc à la politique, le domaine de compétition le mieux financé ! À trois jours de la phase finale du championnat, les dirigeants entraîneurs et athlètes ne savaient pas quelle salle on leur avait “débrouillée" pour le tournoi final et si c'était à Annaba ou à Alger. Pour les finales, il n'y avait ni ministre, ni autorité administrative, ni journaliste dans une salle Harcha vide, sinon animée par les membres des délégations régionales, eux-mêmes. Il n'y en a que pour le football parce qu'il canalise la violence de nos “sabreurs" de quartier et draine leur argent de poche. Pour le reste, le pouvoir veut gérer sa représentation à l'étranger, en faisant l'économie d'un investissement dans la jeunesse. À Londres, nous sommes en train de vérifier qu'on ne peut s'acheter une image sportive sans se payer une politique des sports. M. H. [email protected]